Famous when dead, voilà un sot postulat : Playhouse, label leader de la scène electro-house allemande, sait depuis la première compilation de cette série réunir des morceaux inventifs, groovy et touchants. Bref, de quoi rallier bien plus que les spécialistes avisés et autres trainspotters de l'extrême. La célébrité posthume est donc plus ici une plaisanterie fantasmatique sur l'artiste underground et maudit qu'un scénario probable.
Pour entamer ce quatrième volume,
Isolée s'empare de la techno-soul de
Recloose et la fait groover dans de nouvelles combinaisons gentiment retorses mais fluides, dans l'esprit des compositions les plus "chanson" de son album
We Are Monster. Un extrait enlevé de cet album présenté plus loin montre de la même manière que
Rajko Muller a gardé de son minimalisme original le souci des textures et d'une organisation par le hors-champ, mais ne craint pas de s'adapter à une matière moins discrète, plus directement catchy. Ici des guitares légèrement filtrées, cliché américain, s'étourdissent en circonvolutions (
Schrapnell).
Au rayon singles, vous trouverez aussi le
Up in flames de
Captain Comatose dans une version electro-house forcément plus divertissante ; le
Kinda New (Tiefschwarz Dub), parmi ce que le duo de remixeurs a fait de plus convaincant et joyeux dans leur équilibre entre reverbs joueuses et accroches synthétiques, utilisant à bon escient les sirènes de
Spektrum. Le
Dexter remix de
Ricardo Villalobos par les
Two Lone Swordsmen remporte le prix de la meilleure affiche ; pour ce qui est de la musique, on s'étonne d'entendre les maîtres de la bleep techno céder à la tentation de la batterie acoustique, mais il faut reconnaître qu'on tient là une belle ballade pop instrumentale dans laquelle les nappes de l'original prennent un sacré charme, pour un climat qui tend vers la nostalgie 90's (eh oui).
Fabrice Lig, avec
Meet u in Brooklyn, fait du bon
Fabrice Lig, une vraie caresse deep techno, empreinte d'une certaine naïveté (ici encore) poppy.
Losoul propose une production assez typique, minimal techno hypnotique, germanophone et sensuelle (non, cela n'a rien de paradoxal).
My My fournit une de ces bombinettes de genre dont le label a l'habitude, un excellent track electro house sautillant, élastique, groovy et chahuté (du
Pantytec avec la séduction en sus ?). Peuvent prétendre au même titre la
Old Song de
Max Mohr, plus évasive et évolutive, et la sci-fi gracieuse de
I Feel Space par
Lindstroem. Dans cette constante de très haute qualité, la tech-house de détail de
Tejada et la mignonnerie de
Rework (toujours avec cet accent français si prisé), fidèles à leurs discographies respectives, semblent plus communes.
Riche en subtiles gourmandises, cette
Famous when dead IV se hisse au niveau de l'incontournable premier volume. La Screaming Hand de
Jim Phillips sur la pochette renvoie d'ailleurs au lifestyle surf & ride de Santa Cruz : la danse a remplacé les planches, mais décontraction et allégresse restent d'actualité pour finir l'été 2005 .
Chroniqué par
Guillaume
le 20/08/2005