Le pianiste David Moore nous avait autrefois émerveillé sous l'alias Bing & Ruth avec des albums comme City Lake (2010) et surtout No Home Of The Mind (2017), son chef d'œuvre modern classical l'ayant vu intégrer le prestigieux label 4AD, rien que ça. Depuis, le new-yorkais a su nous étonner avec des œuvres s'éloignant du genre, d'abord en s'aventurant dans la sphère minimaliste et electronica avec Species (2020), puis en collaborant avec le guitariste folk americana Steve Gunn sur le beau Let The Moon Be A Planet (2023).
C'est un album surprise signé sous son propre nom que nous offre maintenant le pianiste, sans annonce au préalable et sans sortie physique. Un album numérique envoyé sur les plateformes d'écoute comme on lancerait une bouteille à la mer et présenté par David Moore comme son œuvre la plus ambient à ce jour. On ne peut qu'abonder dans son sens tant les deux compositions en lévitation de ce Butterfly Gardens évoquent directement les musiques flottantes et cotonneuses de certains artistes que l'on retrouve sur des labels spécialisés comme 12k, Slaapwel ou plus récemment quiet details (citons Taylor Deupree, Greg Haines, Ian Hawgood, Steinbruckel et Marcus Fischer).
Pour la petite histoire : David Moore est retombé par hasard sur deux pièces enregistrées au piano mais restées dans ses tiroirs pendant cinq ans car jugées à l'époque trop inabouties. Il décide alors de les retravailler en y juxtaposant une deuxième trame sonore jouant de l'orgue à pompe. Ce qu'il pensait alors être une longue et périlleuse entreprise de (re)création se déroule finalement très vite, très instinctivement. Le David Moore d'aujourd'hui s'est réconcilié avec le David Moore du passé, et ce sublime Butterfly Gardens est à l'évidence un aboutissement d'une sérénité absolue, et certainement l'une des plus belles œuvres ambient entendues cette année.
Chroniqué par
Romain
le 05/05/2025