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Postcards

: Ripe



sortie : 2025
label : Ruptured
style : Shoegaze

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Tracklist :
1/ I Stand Corrected 2/ Dust Bunnies 3/ Poison 4/ Wasteland Rose 5/ Nine 6/ Colorblind 7/ Ruins 8/ Angel 9/ Construction Site 10/ Dark Blue

C'est au détour d'un album solo de Julia Sabra que nous découvrions tardivement Postcards, trio rock libanais originaire de Beyrouth dans lequel officie depuis maintenant treize ans cette chanteuse guitariste à la voix poignante. Natural History Museum était une parenthèse folk magnifiquement dépouillée sortie discrètement en format K7, on pouvait notamment y entendre une reprise de Barbara : Dis, quand reviendras-tu? De la France heureuse des années 60 à un Liban actuellement en proie à la guerre, l'attente d'un amour tardant à revenir semblait être le même déchirement pour l'une comme pour l'autre. Les mêmes mots et les mêmes maux, universels, d'un siècle à l'autre et d'un pays à l'autre. La musique peut également être une fenêtre brisée sur le monde et c'est dans ce contexte, partagée entre cessez-le-feu et escalade des frappes aériennes, qu'a été conçu ce cinquième album de Postcards, une œuvre puissante et rugissante faisant part de l'état chaotique que traverse son pays mais souhaitant aussi se relever sans se laisser abattre.

Si Postcards évolue depuis plus de dix ans dans les vapeurs électrifiées de la dream-pop et du shoegaze, leur musique s'est ici assombrie et devient le reflet d'une situation qu'il va falloir combattre, ne serait-ce que par une certaine fureur musicale et par des paroles bouleversantes. Sur Dust Bunnies (ci-dessous) par exemple : "les cratères laissés par les météores / les fenêtres que nous avons reconstruites une fois de plus ne se ferment jamais complètement / des mots épars dans les trois langues / des cicatrices qui semblent toujours démanger / la puanteur des vaches abattues en été / comme vivre dans un caniveau géant / le cactus qui pousse dans ma gorge / il n'y a plus nulle part où aller".

Certaines chansons évoquent parfois le Slowdive de Souvlaki (I Stand Corrected, Colorblind) ou de Pygmalion (Nine), le lyrisme de Julia Sabra ressemble d'ailleurs à celui, certes plus évanescent, de Rachel Goswell. Avec ce nouvel album, Postcards accelère aussi le pas, celui-ci est emmené tambour battant par des basses vrombissantes et des rythmes tranchants ou galopants. Le dernier tier de Ripe s'écoute autant qu'il se vit, remarquable ascenseur émotionnel nous faisant traverser des climats anxiogènes, mélancoliques et terrassants comme autant de réponses sonores aux troubles que subit aujourd'hui le Liban. Ou comment détruire pour mieux reconstruire, et toujours espérer.



Chroniqué par Romain
le 02/05/2025

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