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Ellah A. Thaun

: The Seminal Record of Ellah A. Thaun



sortie : 2025
label : Howlin Banana Records
style : Rock Alternatif / Psyché / Noisy

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Tracklist :
1/ Time. Again. Allergic 2/ 1999 3/ U.F.O'S (sky alphabet) 4/ Bonfire Rehearsal 5/ The Dollhouse 6/ Tératome 7/ Copelandia 8/ The Thing Inside 9/ When I was a Vampire 10/ Suburban Steel Fuck the Girl

Cela peut paraître confus sur le papier donc essayons d'abord de clarifier les choses autour du projet Ellah A. Thaun. Originaire du Havre et basée à Rouen, Nathanaëlle-Éléonore Hauguel est une artiste écrivaine plasticienne sensible à la cause transgenre et ayant déjà enregistré au 4-pistes plein d'objets sonores non identifiés publiés sur les plateformes numériques depuis près de quinze ans. On sillone alors la page bandcamp d'Ellah A. Thaun comme l'on parcourt les pages débordantes et raturées d'un journal intime semblant notamment se plier au pouvoir décisionnaire de la cartomancie afin de mieux guider ses choix. Une croyance qui l'aura amené à construire en solitaire une œuvre mouvante, psychédélique voire occulte, un véritable dédale dans lequel rôdent plusieurs grandes figures de l'underground comme Genesis P-Oridge (Throbbing Gristle), Kevin Shields (My Bloody Valentine), Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre), Stephin Merritt (The Magnetic Fields), William Basinski ou encore Syd Barrett dont elle a pu reprendre l'album Madcap Laughs en entier lors d'une session live.

Ellah A. Thaun, c'est donc un sacré foutoir issu de l'esprit génialement schizophrène d'une férue de pop et d'expérimentations sonores tout azimut. Mais depuis deux albums – les excellents Arcane Majeur (2018) et Arcane Majeur Deux (2022) – Ellah A. Thaun est devenu un groupe constitué de cinq membres gonflés à bloc. Et un groupe clairement prêt à sortir de sa grotte comme en témoigne ce dernier cru lancé en grande pompe par trois précieux labels de la scène indie-rock française actuelle (Incisive à Rouen, Howlin Banana à Paris et Flippin' Freaks à Bordeaux). Tout le monde va donc pouvoir enfin découvrir la musique inclassable et passionnante d'Ellah A. Thaun via la dinguerie colossale de ce Seminal Record au titre révélateur car suggérant un nouveau départ pour le quintet aujourd'hui très soudé.

La plupart des membres du groupe ayant traversé des drames, des difficultés financières et quelques tranches de vies émotionnellement éreintantes, l'enregistrement de ce troisième album fut alors vécu comme une expérience cathartique tentant de retranscrire la puissance de leurs prestations scéniques. Cela débouche très logiquement sur une œuvre faisant feu de tout bois sans ménager l'auditeur. Avec sa structure alambiquée, sa voix trafiquée et ses coups de sang à la limite du screamo, Time. Again. Allergic ouvre le bal en annonçant plus ou moins le programme de cet album qui ne se privera d'aucun excès disgracieux et ne nous attendra pas au prochain croisement. À nous de le suivre tant bien que mal dans sa lancée infernale. Mais au-delà de sa fureur, cet album tire principalement sa force de sa faculté à rendre accessibles des références souvent réservées à la musique avant-gardiste et de ne jamais donner l'impression d'être dans la pose souvent dite arty. Certes il y a chez ces savants fous d'Ellah A. Thaun une érudition évidente, mais c'est avant tout une authenticité pur jus qui coule dans leurs veines et cela fait un bien fou à entendre.

Grand album contorsionniste s'il en est, The Seminal Record of Ellah A. Thaun nous fait passer par tous les états et nous fait traverser tout un imaginaire du rock ancien et actuel, ici malmené par le bruitisme et la vitalité d'un groupe essayant peut-être de deviner celui du futur. On pense pêle-mêle aux confiseries des Beach Boys (The Dollhouse), aux incantations de Swans (The Thing Inside), au David Lynch guitariste de Go Get Some (la première partie groovy de Tératome avant que la batterie ne s'emballe dans un délire indus), au My Bloody Valentine déraillant de Isn't Anything (Suburban Steel Fuck The Girl qui se termine un peu à la manière du White Cross de Sonic Youth), à l'énergie écorchée vive de Car Seat Headrest (1999), aux jeans crasseux des années grunge et à tant d'autres choses encore. Avec seulement dix chansons au compteur, The Seminal Record of Ellah A. Thaun semble finalement en contenir le quintuple mais, mieux encore, celui-ci nous bouscule tout le temps jusqu'à nous laisser sur les rotules en bout de course avec la très nette impression d'avoir affaire à rien de moins qu'un authentique chef d'œuvre.



Chroniqué par Romain
le 16/05/2025

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