Comme une bouffée de fraîcheur et de respiration musicale dans une actualité décidément étouffante, le Blomovinho de Leo Blomov nous envoie dans un flashback à la fois rétro et contemporain. Le troisième album du rémois natif est une copie sans faute d’une pop indépendante et chaleureuse dont la direction artistique, sans se le cacher, est très fortement inspirée des œuvres des piliers de la bossa nova brésilienne comme Seu Jorge, Chico Buarque ou encore Caetano Veloso (tout dépend bien sûr de la période choisie pour ce dernier).
L’album s’ouvre avec deux titres plus pop funky que bossa nova : le premier nous rappelle le côté « slacker » de Mac DeMarco (As Praias do Norte), là où le second à l’orchestration léchée nous donne un aperçu des multiples talents ayant collaboré à l’album : Laure Briard en duo avec Leo Blomov sur ce Uma Canção Francesa, mais également Nina Savary, Emmanuel Mario (Astrobal) ou encore Julien Gasc (Venha Comigo).
De la bossa nova qui n’en est pas vraiment une, certes. Mais on ne peut résolument pas écarter les influences brésiliennes dans la composition de l’album de Leo Blomov : on y retrouve des flûtes et des claviers moelleux (Meu Amor), mais aussi des voix enchanteresses en chœurs et des oiseaux de paradis (O Fim dos Tempos qu’on pourrait retrouver sur l’île des femmes des 12 travaux d’Astérix). Mais encore : les guitares sèches et percussions agitées se mélanges aux basses rondes et aux batteries tantôt occidentales, tantôt brésiliennes (Adeus).
On pourrait alors citer Guy Cabay, autre résident de Tricatel et adorateur d’avant-garde des sonorités brésiliennes: entre Pôv Tiesse et Estou Louco, il n’y a qu’un pas dans l’enjôleuse folie des artistes amoureux de belles mélodies. La comparaison est bien à propos : les douze titres de Blomovinho s’enchaînent sans accrocs et permettent à l’oreille de s’égarer et de voyager, accompagnée d’un chant en portugais de précision (Beto Beto). Le petit Blomov est bien un grand, et n’a pas à rougir de ses talents.