Multi-instrumentiste ayant déjà croisé la route d'artistes telles que Pomme ou Julia Jacklin et que l'on retrouve notamment dans la formation d'indie-folk Folly and the Hunter, la montréalaise Laurie Torres signe avec Après coup un premier album solo ravissant, touchant même souvent au sublime. C'est pourtant à tâtons que cette dernière s'est lancée dans la création de ce qui deviendra cette collection de compositions radieuses se situant quelque part entre la jam, la poésie sonore et un néoclassicisme réduit à peau de chagrin. Un subtil mélange des genres rappelant parfois l'univers de la géniale Nala Sinephro, les pièces de Laurie Torres étant cependant moins expansives et empreintes d'un minimalisme pleinement assumé évoquant plutôt le duo belge Elodie.
Laurie Torres tient ici le piano, les percussions et quelques orgues électroniques vintage comme le Farfisa ou le Hammond, conférant à l'album des sonorités sans âge. Elle s'est également entourée de trois autres musiciens – Charles St-Amour et Émilie Proulx à la basse, Tim Crabtree à la clarinette – avec qui elle va entrelacer quelques émotions précieuses et éphémères. Les compositions d'Après coup sont soit des miniatures soft-jazz tutoyant les anges (Point-virgule, Carnets, Intérieurs et son couac laissé tel quel), soit de merveilleuses ritournelles propices à la rêverie (Lisière, Reflets, Clessidra), soit encore des improvisations donnant l'impression de suspendre le temps (Correspondances, Duvet), de le figer dans un instant musical que l'on souhaiterait éternel. Après ISKRA de la polonaise Olga Anna Markowska, Gift Songs de l'américain Jefre Cantu-Ledesma ou Sierra Tracks des anglais Vega Trails, Après coup est assurément l'une des œuvres instrumentales les plus belles et sensibles de cette année.
Chroniqué par
Romain
le 01/05/2025