Harmony In Ultraviolet fait sans conteste figure d'aboutissement dans la discographie de
Tim Hecker. Ce sixième opus, sorti sur le prestigieux label
Kranky en 2006, marque l'ultime étape d'un long processus entamé par le canadien à partir de
Radio Amor (2003).
Harmony In Ultraviolet conforte la place désormais dominante des guitares au sein des compositions du canadien. Exit les plages éthérées et automnales entraperçues sur
Haunt Me, Haunt Me Do It Again (2001) ; place aux strates de saturations bouillonnantes, aux grésillements envahissants, et à des tons mélodiques toujours plus sombres et inquiétants.
Harmony In Ultraviolet apparaît comme la synthèse la plus pure du bruit et de la mélodie, deux éléments omniprésents dans le travail d’
Hecker. Notre homme s'intéresse à l'abstraction et la complexité, sans sacrifier pour autant l'émotion. C'est peut être ce qui fait la richesse et la particularité de cet essai : la recette d’une alchimie réussie.
Harmony In Ultraviolet n'est pas un album qui se dévoile facilement. Il faut s'armer de patience pour découvrir les charmes insoupçonnés de ce joyau sonore. Au fil des écoutes ne cessent de se construire et déconstruire, de façon quasi-autonome, des mélodies impalpables et mouvantes.
La part belle est souvent faite à de courts billets d'humeur mélancoliques et changeants. Les traitements du canadien peuvent parfois rappeler les fragments romantiques de
Haunt Me, Haunt Me Do It Again (les quatre parties de
Harmony In Blue, le diptyque
Rainbow Blood /
Blood Rainbow). Mais les constructions n'hésitent désormais plus à se matérialiser, à s'attaquer aux corps et à ses points de résonance. Les pulsations obsédantes (
Dungeoneering) ou les murs de guitare étonnement agressifs (
Radio Spiricom,
Spring Heeled Jack Flies Tonight) en sont la parfaite illustration ; des choix esthétiques rarement tentés en matière d’ambient.
La musique de
Tim Hecker n'a jamais parue aussi libre et puissante. L'artiste assume pleinement ses penchants concrets. Il déploie une palette sonore toujours plus vaste et profonde. Les mélodies lointaines, troublantes, émouvantes, passent en toile de fond tandis que les formes se complexifient.
Harmony In Ultraviolet est sans conteste un travail de maître, une pièce sombre et imposante à ajouter à l’édifice des musiques électroniques et atmosphériques.
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