Death in Vegas est l’un des rares groupes dont l’œuvre monte en puissance à chaque nouvel album. Honorable 
Dead Elvis, remarquable 
The Continuo Session, splendide 
Scorpio Rising. Que dire de 
Satan’s Circus ? Qu’il marque une dépression dans ce qui semblait être une ascension irrésistible. En effet, il faut bien se rendre à l’évidence : 
Death in Vegas ne pouvait pas toujours faire plus fort, plus beau.
Devant le défit de relever une barre qu’il avait lui-même montée très haut, le duo anglais a renoncé : loin de se tourner vers l’avenir et de poursuivre son travail d’appropriation par l’électro des textures et des motifs sonores du rock – "son travail de fusion du rock et de l’électro", écriraient certains – 
Death in Vegas plonge son regard dans le passé, aux sources de la musique électronique, à une époque où justement l’électro naissait et se détachait du rock.
Vous l’aurez compris, exactement trente ans après la sortie de 
Autobahn, c’est essentiellement à 
Kraftwerk que Richard Fearless et Tim Holmes se réfèrent sur leur quatrième album. La présence du groupe allemand est écrasante : même sobriété dans les effets, mêmes mélodies naïves de synthé, même froideur apathique. Il y a de quoi être surpris. Aucun invité de marque sur 
Satan’s Circus. Vous n’entendrez pas les énergiques 
Iggy Pop et Liam Gallagher, pas plus que les charmantes 
Dot Alison et Hope Sandoval. Comme privés d’âme, les morceaux liminaires laissent de marbre.
Le salut de 
Satan’s Circus aurait pu venir du dub, seconde influence majeure de cet album et réminiscence de 
Dead Elvis. Cependant, ni le beat imposant de 
Candy McKenzie, ni la basse oppressante et les rythmes tribaux de 
Black Lead ne sont vraiment convaincants, même s’ils apportent un contrepoint massif et vibrant à l’épure glaciale des morceaux plus électroniques.
Malgré cet étrange ratage, 
Satan’s Circus est loin d’être hideux. Si sur certains morceaux 
Death in Vegas ne tend qu’à utiliser des textures sonores et des structures musicales d’un autre âge – celui de l’origine de l’électro – il parvient à en tirer le maximum. Aucune rupture rythmique, aucun son décapé à l’acide de l’électronique ici ; tout semble binaire, simple, déjà entendu, réutilisé à l’infini depuis les années 1970 et malgré cela, 
Death in Vegas parvient à arracher un hochement de tête cadencé. Et plus 
Satan’s Circus fracasse les réticences et brise les résistances, plus ses beats paraissent dévastateurs. De ce point de vue, 
Reigen et 
Sons of Rother, deux morceaux très rythmiques où chaque élément vient se mettre en place progressivement, sont très efficaces.
Il faudra attendre le pénultième titre, 
Head, pour que 
Death in Vegas renoue avec la beauté racée de 
Scorpio Rising. Un peu tard. Objet insolite, album en décalage avec son temps, 
Satan’s Circus laisse un sentiment ambivalent.
	
	
		Chroniqué par 
		dfghfgh		
		le 07/11/2004