Pochette kitschissime au possible, nom d'album ésotérique à rallonge, musique estampillée "world" soit cette catégorie fourre-tout qui ne veut finalement rien dire… Doit-on fuir ? Oula non, et ce trio originaire de Slovénie fera vite ravaler les langues de vipère. Si vous nous avez déjà lu ou que vous connaissez déjà
Širom par d'autres biais, le plaisir intense procuré par ce nouveau cru ne vous surprendra pas. Trois ans après l'excellent
The Liquified Throne of Simplicity, les trois multi-instrumentistes continuent d'étirer leur folk boisée dans de remarquables digressions confinant à une forme d'ivresse.
On n'écoute pas
In the Wind of Night, Hard-Fallen Incantations Whisper mais on s'y engouffre, et on aime également s'y perdre un peu. Tout est dans le titre : le vent, la nuit, et des incantations portées par quelques chants célestes (au firmament de l'imposante
Curls Upon the Neck, Ribs Upon the Mountain ou sur la magnifique
Hope in an All-Sufficient Space of Calm). Les quatre longues compositions constituant la quasi entièreté de l'album pourraient paraître obscures mais ne le sont jamais, on parlera toutefois de magie noire et de recettes ancestrales héritées d'un certain folklore que l'on peine à situer dans le temps.
Du psychédélisme au chamanisme, il n'y a qu'un pas, et
Širom le foule une fois encore amplement en tressant à travers la variété d'instruments qu'ils utilisent (violon, flûte, percussions diverses mais aussi balafon, lyre, hurdy gurdy, ribab…) une matière sonore dense et enivrante faisant ressurgir des profondeurs certaines émotions refoulées (
The Hangman's Shadow Fifteen Years On). Après avoir lutté contre quelques démons intérieurs lors de sa traversée,
In the Wind of Night, Hard-Fallen Incantations Whisper peut s'achever sur une danse victorieuse (
For You, This Eve, the Wolves Will Be Enchantingly Forsaken) semblant moins célébrer le repos des guerriers que celui des sorciers.
Chroniqué par
Romain
le 04/10/2025