‘’Retour aux sources : terme un peu fourre-tout définissant souvent le fantasme et la nostalgie des fans envers une époque lointaine. Peut aussi convenir à la fausse promesse d’artistes capitalisant sur les attentes irréalistes d’une communauté qui n’acceptera probablement jamais que le temps passe.’’ Et si, comme disait l’autre, la vérité était ailleurs ?
Pas de blabla inutile, pas d’historique, pas de rappel des faits. Il fallait réviser avant de venir. On n’accueille pas un dixième album en trente ans de carrière sans un peu de contexte et très honnêtement, une petite écoute rétrospective vaut mieux que tous les paragraphes du monde. Voici donc une tracklist rapide et n'engageant que moi compilant 2 titres par album, ni plus ni moins, et tous disponibles sur les plateformes :
Bored, 7 Words, Be Quiet & Drive, Dai The Flu, Digital Bath, Change (In The House Of Flies), Needles & Pins, Battle Axe, Beware, Combat, Diamond Eyes, Rocket Skates, Poltergeist, Rosemary, Prayers/Triangles, Hearts/Wires, Error, This Link Is Dead. Voilà, écoutez ça, et revenez reprendre votre lecture. L’article ne bougera pas, on vous attend. Bonne écoute !
(quelques réécoutes de
Private Music plus tard)
C’est bon pour vous ? On peut y aller ? Si vous en voulez encore, filez sur YouTube pour écouter
Smile,
Dallas et
Melanie, trois titres de l’album
Eros enregistré avec le bassiste
Chi Cheng avant sa mort. Profitez en bien, appréciez les car
Chino Moreno vient d’enterrer tout espoir de sortie de la chose. Cela peut sembler dommage, mais lorsque l’on voit la forme dans laquelle est le groupe, ce n’est finalement pas si mal. Parce que, pour rejoindre l’introduction de cet article,
Private Music va bien au-delà de ce qu’on pouvait attendre d’un pareil groupe de cette ampleur. Après un confortable
Ohms, cette nouvelle livraison offre un nouveau souffle absolument inattendu à un groupe rafraîchi d’une toute nouvelle popularité chez les jeunes, et d’un bassiste d’une justesse imparable. Parce que oui,
Sergio Vega n’est plus là pour différentes raisons, mais qu’importe… Il faut bien admettre que parfois, son groupe
Quicksand récemment reformé débordait un peu trop sur la bande de Sacramento. Il était temps de resserrer un peu le propos…
C’est donc dès le départ que les choses sérieuses se font :
My Mind Is A Mountain se dévoile dans une ampleur certaine, évidente de par son riff, subtile de par ses particularités rythmiques. Le sourire aux lèvres, on entame
Locked Club avec une satisfaction délectable : c’est qu’on se sent enfermé soudainement avec le groupe, tenu en otage par les riffs d’un
Stephen Carpenter assoiffé de son. Mais les autres membres ne sont pas en reste… Introduit par un
Frank Delgado (clavier) indispensable dans ses constructions d’ambiances,
Fred Sablan (nouveau bassiste) et
Abe Cunningham (fabuleux batteur) ouvrent
Ecdysis dans une alliance parfaite, grisante et presque émouvante dans ce qu’elle évoque du passé du groupe sans aucunement le singer. Le groupe avance vers l’un des tubes évidents de ce disque
Infinite Source. Là aussi, l’émotion touche en plein cœur avec l’un des textes les plus concrets de Chino, rendant ici hommage à toutes ces années passées autour du monde à façonner l’histoire de son groupe…
Lorsque
Souvenir commence, une idée commence à pointer le bout de son nez : et si
Deftones était en train d’offrir à la fois l’un de ses albums les plus variés mais également l’un de ses plus cohérents ? De toute évidence,
Cxz ne viendra pas contredire cette supposition tant elle est puissante, vibrante, et surprenante à la fois. Et pour confirmer cette surprise,
I Think About You All The Time est la ‘’power ballad’’ inattendue du disque. Nocturne, mais rehaussée d’une lumière enivrante, elle se grave immédiatement en tête et ouvre parfaitement la voie à la deuxième et dernière partie du disque.
Vous reprendrez bien un tube avec tout ça, non ?
Milk Of The Madonna est LE morceau qui cartonne déjà en live comme le prouve les vidéos de début de tournée. Rythmique impeccable, refrain fédérateur, riff d’une simplicité déconcertante, il n’y a que
Deftones pour offrir ce genre d’hymne immédiat avec autant de fraîcheur qu’à leurs débuts. Et histoire de confirmer cette capacité forçant l’admiration, le groupe ralentit le tempo pour
Cut Hands et
Metal Dream, deux morceaux rampants, teintés d’une sorte de fièvre rageuse et contenue évoquant légèrement un certain été 97… Celles et ceux qui y étaient savent.
Enfin, pour finir en beauté, pourquoi pas proposer le meilleur morceau de clôture d’album depuis
Pink Maggit ? S’ouvrant sur la voix méconnaissable de Chino, grave et profonde comme le serait celle d'un
Nick Cave, le morceau se développe comme une cérémonie de fin, distillant avec une délicatesse frappante les dernières émotions d’un disque déjà majeur. On finit l’écoute le souffle court, estomaqué par une telle réussite, par un si puissant flot d’images construites en un rien de temps… Et peut-être même qu’on se le relance immédiatement pour être sûr et certain que tout est bien réel.
Private Music est plus qu’une suite logique à une carrière déjà si riche, plus qu’un retour aux sources pour contenter les fans.
Private Music est la preuve que l’inspiration, toujours présente, toujours vibrante, peut amener vers des sommets inexplorés jusque là, bien que voisins de ceux déjà franchis. Et dire qu’il reste encore tant à franchir…
Chroniqué par
Domino
le 09/09/2025