Pour cette soirée dédiée aux musiques électroniques, l'exigence a été semble-t-il le mot d'ordre que s'est imposée Le 106 de Rouen. Pourtant, entre Atom TM et Mondkopf, les voies explorées sont radicalement différentes. D'un côté une musique minimaliste, proche du mécanisme de Kraftwerk. De l'autre, une ambiance plus sombre, mêlant électro et atmosphère proche du death métal. Diversité sans aucune incohérence. Une onde froide et tendue innervait les deux parties du concert.

Homme aux multiples identités et collaborations, Uwe Schmidt, alias Atom TM, incarne la postmodernité musicale. La recherche de l'œuvre parfaite n'est pas son credo. Au contraire, il s'agit pour lui d'épuiser toutes les possibilités de notre ère. En moins de vingt ans et plus de quatre-vingt albums, de la reprise à l'expérimentation, c'est bien une disparition de l'artiste derrière la sérialité des sons qui s'offre à nous.
En accueillant Atom TM, nous savons donc que seule une parcelle de cet esprit créateur est en face de nous. Atom, c'est la résurrection de Kraftwerk. Musique froide, industrielle. Ich Bin Meine Machine. Atom s'adresse à ce corps-machine que les sons vont peu à peu faire danser. Car cet air glacial n'est pas une simple nostalgie, Atom change les rythmes de Kraftwerk, les subvertit en disséminant des éclairs d'Amérique du Sud. Tout comme ces explosions nucléaires montrées dans ces vidéos et qui deviennent parties intégrantes de l'oeuvre, il s'agit bien de rompre avec toute idée préconçue de ce qui est possible. Ce qui reste à la fin de cette prestation du musicien machine, c'est le visage figé de Atom lui-même. Non pas le culte de la personnalité, mais le culte d'un masque : Atom ou l'unité universelle de la musique.

Après une telle entrée en matière, corps et esprit ne pouvaient qu'être préparés à recevoir l'expérience Mondkopf. Ici aussi, les images transfigurent la texture sonore. En trois quart d'heure, une musique proche du death, avec une guitare au son manipulé, transformé, traverse un décor semblable à celui du Projet Blair Witch, puis passe de l'univers végétal à l'univers minéral puis marin.
En six ans, ce français a ainsi réussi à poser les bases d'une œuvre radicale, entre ambiant et death. À travers des morceaux qui formeront le cœur du prochain album, il travaille devant nous un chaos sonore afin qu'il devienne peu à peu dansant. Une épuration du son, une épuration de nos angoisses. Moins mécanique que Atom, plus tendu aussi, Mondkopf approfondit un peu plus son sillon, son parti-pris d'explorer les ténèbres de l'électro.
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