Parmi les labels indépendants européens, Acuarela est sans doute l’une des valeurs sûres de ces dernières années. Réunissant en son sein des artistes aux origines géographiques diverses, le label de Madrid se démarque par un champ musical tourné essentiellement vers le rock et ses diverses incarnations (du post-rock au folk, en passant par la pop). Mais plus que cet impressionnant catalogue, la grande force d’Acuarela tient peut-être aux projets originaux qui émaillent sa production. Des séries de EP conviant des artistes de tous horizons jusqu’aux compilations thématiques
Acuarela Songs regorgeant d’inédits (trois volumes jusqu’à aujourd’hui), le label a toujours su offrir ce petit plus d’excitation.
Avec
Songs to Break God’s Heart, voici une nouvelle pierre à l’édifice Acuarela. Derrière ce titre emprunté au premier album des Anglais
Hefner se cache une compilation, réunissant une majorité d’artistes du label, ainsi que quelques invités venus d’autres horizons. Chacun y offre un inédit, composé pour l’occasion ou ressorti des tiroirs, pour donner naissance à une collection exclusive, meilleure introduction possible à l’univers d’Acuarela.
Si on peut de prime abord regretter l’absence de certains groupes du label (
Migala, bien sûr, mais aussi
Mus et
Manta Ray) et son orientation majoritairement pop/folk,
Songs to Break God’s Heart propose un choix conséquent et assez alléchant pour pallier ces premières réserves. Difficile en effet de se risquer à une critique détaillée du disque, tant les artistes et les directions sont nombreux. La meilleure solution est peut-être alors de prendre le parti d’une subjectivité de cœur, de relever les confirmations attendues et les surprises bienvenues, quitte à tomber dans un inventaire fatalement incomplet.
L’honneur d’ouvrir le bal est confié aux toujours impeccables
The Zephyrs. Dans la lignée de leur récent (et très beau)
Bright Yellow Flowers on a Dark Double Bed, les Ecossais offrent une relecture de
A friend, jolie ballade folk apaisée où la voix de Stuart Nicol fait merveille. Plus dépouillé, le folk embrumé de
Burd Early convainc aussi en solitaire, remplaçant la batterie miraculeuse de Jim White par ce qui semble être un squelette de boîte à rythme humaine. Dans une orientation similaire, un peu plus brute peut-être,
Drekka offre lui un vénéneux
Without revelation there is no love. Quant à
The Strugglers, auteurs d’un réussi
You Win il y a peu, ils ont pour eux un sens mélodique assuré et, surtout, la superbe voix de Ranky Bixxx, qui donnent à ce
Dancing song un charme imparable.
Loin des territoires folk, les Canadiens de
P:ano s’autorisent une reprise du
Hiroshima mon amour d’
Ultravox. Moins orientée eighties que l’original, leur version reprend les ingrédients développés sur leur dernier album
Brigadoon, optant pour une pop un peu moins enlevée, à la mélancolie palpable. Dans un registre similaire, l’Américaine
Tara Jane O’Neil offre un inédit rappelant la naïveté enfantine de
Belle and Sebastian. Et pour s’imaginer les pieds dans le sable, rien ne vaut le
Whatever you do de
Tex La Homa, ballade spatiale entre chœurs, synthés et guitare légère.
Mais la véritable surprise de cette compilation, c’est peut-être la présence de quelques virées électroniques. Grâce à
The French tout d’abord, projet du leader de
Hefner Darren Hayman, et leurs collages ambient naïfs et lo-fi. Mais surtout par la présence de deux artistes qui ont lié leurs destinées à Acuarela ces dernières années.
Xiu Xiu dans un premier temps, pour un
Brian the vampire déstructuré et saturé, tous synthés en avant, et surtout
Matt Elliott, accompagné pour l’occasion de
Many Fingers. L’Anglais opère ici un retour vers les boucles rythmiques qui ont fait sa réputation, les choeurs fantômatiques évoquant pourtant l'atmosphère de son récent
Drinking Songs. Une collaboration qu’il sera possible de découvrir sur scène ce printemps.
Songs to Break God’s Heart fait donc office de fenêtre idéale pour pénétrer dans l’univers d’Acuarela. Variés et réussis, les 19 titres qui composent ce disque permettent de se faire une idée de ce catalogue parmi les plus excitants du moment. Faisant la part belle aux fidèles du label, cette compilation n’en oublie pas pour autant la volonté de partage qui émane constamment de la maison madrilène. La présence en fin d’album d’un très beau titre de
Mecca Normal (enregistré lors d’une tournée commune avec
Godspeed You Black Emperor! en 2000) rappelle encore ce souci des rencontres qui fait d’Acuarela une île accueillante, ouverte sur le monde.
Chroniqué par
Christophe
le 18/01/2006
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