Multi-interprètes – Everyone’s Getting Involved : A Tribute To Talking Heads’ Stop Making Sense (A24 Music)
.
Il y a 40 ans, David Byrne et sa bande new-yorkaise de Talking Heads sortaient Stop Making Sense, un album live accompagné d’un film retraçant l’un de leur concert au Pantages Theatre à Hollywood, en décembre 1983. En ce début mai 2024, c’est toute une jeune génération d’artistes américains et d’ailleurs qui reprend à sa sauce les titres phares du groupe : on y retrouve les Chicano Batman sur l’afrobeat de Crosseyed and Painless, les jazzeux Norah Jones et BADBADNOTGOOD sur This Must Be The Place (Naive Melody), le polyvalent Kevin Abstract qui reprend Once In A Lifetime ou encore l’électro pop sucrée de Toro y Moi sur le tubesque Genius of Love du Tom Tom Club (le side project de Tina Weymouth et Chris Frantz). Un bel hommage donc aux Talking Heads, dont l’héritage musical perdure encore aujourd’hui sous de multiples formes.
.
.
Brian Eno – Eno (Original Motion Picture Soundtrack) (Opal Music)
.
C’est de l’autre côté de l’océan Atlantique que l’on retrouve un ami, producteur et contemporain des Talking Heads en la personne de Brian Eno. Du glam rock à la music ambient (le Sky Saw du culte Another Green Field), le britannique s’est vu consacré un documentaire sur sa vie et sa carrière musicale prolifique. Utilisant un programme informatique pour donner une forme mouvante et donc unique à chaque diffusion du film, le réalisateur Gary Hustwit a mis en avant dans ce documentaire une figure emblématique de la musique du Royaume-Uni. On retrouve sur Eno certaines des multiples collaborations musicales de l’artiste dont évidemment David Byrne (encore lui sur Regiment en 1981), les allemands de Cluster (le Ho Renomo de 1977) ou bien son compatriote anglais John Cale (Spinning away sur Wrong Way Up en 1990).
.
.
Mount Kimbie – The Sunset Violent (Warp Records)
.
Le titre du nouvel album du duo désormais quatuor britannique Mount Kimbie est évocateur : The Sunset Violent, ou comment les musiciens et producteurs sont parvenus à insuffler aux neuf titres de l’album une puissance presque rétro (The Trail et ses airs de générique badasse des années 80). La tension palpable sur The Sunset Violent vient d’une utilisation quasi exclusive d’instruments électriques. En effet, le groupe nous avait habitué à des compositions mixtes, penchant plus sur l’électronique. Ici, ce sont de grosses basses et des guitares saturées qui mènent la danse (Fishbrain). Un élément qui ne bouge pas quant à lui, c’est la collaboration renouvelée d’Archy Marshall alias King Krule sur deux titres de l’album (Boxing, Empty and Silent). Une amitié entre les artistes qui court depuis plus de dix ans et résonne comme du miel dans nos oreilles (Dumb Guitar).
.
.
Real Estate – Daniel (Domino Recording)
.
Dans un pays où l’investissement immobilier est en crise depuis plusieurs années, Martin Courtney a bien choisi sa reconversion d’agent immobilier en chanteur pop folk et leader du groupe Real Estate. Quatre ans après le copieux The Main Thing, les new-yorkais continuent de naviguer vers une pop sucrée plus douce qu’à leurs débuts (Haunted Wind). La rupture entamée avec l’album In Mind de 2017, mais surtout l’éviction tumultueuse de Matthew Mondanile, ont conduit Courtney et sa bande à revoir leur formule pour une pop plus paisible et cadrée (Flowers) mais toujours autant Beatlesque (Somebody New), à l’image de leurs amis de Beach Fossils. Daniel est donc un album chaleureux et enveloppant qui rend honneur aux talents de songwriting du groupe. Certes un peu convenues par moment, les mélodies de basses et autres entrelacs de guitares nous enchantent tout de même comme il y a 15 ans avec l’album Real Estate (Say No More). Gageons que cette marque de fabrique du groupe soit leur phare dans cette odyssée en eaux calmes.
.
.
Crumb – AMAMA (Crumb Records)
.
Dans une mue organique et naturelle, Crumb et sa frontwoman Lila Ramani évoluent tranquillement vers une pop psyché nous rappelant Melody’s Echo Chamber. Pas étonnant lorsque l'on sait que le groupe américain et l’artiste française ont collaboré sur le titre Le temps Volant l’an dernier. AMAMA utilise cette essence psyché pour donner aux titres qui le compose une ambiance éthérée et rêveuse (Side by Side). Le titre AMAMA et son clip collaboratif font honneur à la grand-mère de Ramani avec ses sonorités indiennes, mélangées et mixées en pop groovy et dynamique. Crumb exploite au maximum les contrastes mélodiques ((Alone In) Brussels) et rythmiques (Crushxd, XXX) pour pousser les limites de leurs compositions.
.
.
Bullion – Affection (Ghosty International)
.
Quatre ans après son EP à succès We Had a Good Time et sa pochette en peinture abstraite, Nathan Jenkins alias Bullion revient cette année avec un premier album long format. Le producteur de musique électronique est notamment connu pour son travail de composition au service d’autres artistes comme la chanteuse Carly Rae Jepsen (Rare et son ambiance rétro 80). Avec Affection, l’artiste s’entoure de cette communauté qui lui rend la pareille, comme Charlotte Adigéry (World_train) ou encore Panda Bear (A City’s Never). On reconnaît sur l’album les sonorités qui nous ont fait danser lascivement le Hula il y a quatre ans. Les belles compositions pop et électro du britannique sont fort appréciables et étendent un peu plus l’univers musical de Bullion.
.