Du piano et c'est tout. Voilà ce à quoi s'adonne le norvégien Otto A Totland au rythme d'un album tous les trois ou quatre ans depuis le beau Pinô en 2014. Le compositeur délaisse alors les gouffres sonores de son duo de drone-ambient Deaf Center qu'il forme avec Erik K Skodvin et propose de magnifiques miniatures autour d'un piano semblant se promener sur coussins d'air comme s'il ne fallait pas déranger le voisinage. Il est préférable d'envisager ses œuvres non pas comme des albums à écouter d'une traite mais plutôt comme des recueils de poésies sonores dans lesquels on piochera çà et là celles qui conviennent le mieux à notre humeur du moment.
Dans leurs manières de brouiller la frontière entre passé et présent, entre mélancolie et quiétude, entre parenthèses et points de suspension, les compositions délicates qu'offre Otto A Totland peuvent parfois évoquer celles de la trop rare Rachel Grimes qui a toujours su nous émerveiller avec la même simplicité, seule (Book of Leaves, 2009) ou auparavant avec son groupe Rachel's (le sublime Music For Egon Schiele, 1996). Sur Exin, l'émotion affleure également avec si peu, loin de toute performance, et suit paisiblement son cours jusqu'au bien nommé The French (ci-dessous) qui clôture l'album sur un sublime hommage aux gymnopédies d'Erik Satie. Du piano et c'est tout, et c'est largement suffisant.
Exin est disponible à cette adresse.