Solidays, élan de solidarité pour une cause noble ou simple festival parisien… Peu importe ce que chacun vient y vivre et vient y écouter, chacun pourra féliciter la riche programmation de cette 10ème édition. Depuis Bruxelles, la voiture avance à bon rythme sur l’autoroute, avant d’arpenter doucement les rues de Neuilly et de Boulogne, suivant paisiblement les pancartes indiquant Solidays. Arrivée au parking et première rencontre improbable avec un autochtone en uniforme. Il se fait curieusement appeler gardien de la paix mais nous fait "gentiment" comprendre que l’on n’est pas sur la bonne file.
Une fois arrivés aux abords du site, nous découvrons les bonheurs du camping à Paris. Une heure et demi d’attente avant de pouvoir planter sa tente avec pour arrière-plan la Défense. Il est déjà tard ce vendredi et nous avons manqué certains concerts. Peu importe, nous entrons sur le site et nous dirigeons vers les
Girls in Hawaii qui envoient bien sur leurs derniers morceaux. Première bière pour constater que les prix au bar sont à la hauteur des bistrots parisiens.

Entre "rock chic et électro choc", le jeune public parisien et les nombreux spectateurs provinciaux errent entre les cinq scènes. On écoute d’abord
Micky Green, jolie et charismatique. Autant l’avouer, on attend
Moriarty avec impatience, scotchés par la beauté de leur album. Un live agréable, bien ficelé mais qui manque d’un petit quelque chose.
Jimmy par exemple ne portera pas cette saveur mélancolique qu’on lui connaît. On se dirige vers
Vampire Weekend. Pas mauvais ces petits ados, qui semblent progresser à chacun de leurs morceaux. Original et distrayant. Vient l’heure du reggae allemand (et oui !) de
Patrice. Très beau live, émouvant et captivant.
Le site se rétrécissait ensuite pour accueillir la musique électronique et provoquer chez moi une grande frustration. Pour la deuxième fois après Dour en 2007, j'allais rater
Vitalic. Pourquoi je ne sais pas vraiment, mais je n’écouterai que le dernier morceau avant de voir
Agoria monter sur scène. Un peu déçu d’ailleurs par le Lyonnais qui manque un peu de pêche. On attendra ensuite la venue de
Laurent Garnier, pour le prestige. Un début de set parfait, progressif et légèrement remuant… Rien à voir avec les tartines de Nutella envoyées par
Dj Medhi un peu plus loin. Ou par les corn flakes électriques balancés par
Para One. Du mauvais goût ultra saturé qui irritera les oreilles de bon nombre de spectateurs. Certains semblent rester sous le chapiteau parce qu’il y fait plus chaud… Il est temps d’aller dormir.
Samedi Enthousiastes à l’idée de rater
Cali, nous nous pressons vers la superette du coin où une vilaine averse nous attend. Un peu de boue sur le site devrait pimenter ce festival si clean. Les estomacs emplis de taboulé et autre pseudo salades, nous entamons une digestion agitée sur le groove implacable de
Beat Assailant. Les Anglais confirment la très bonne impression qu’ils m’avaient donnée en Bretagne quelques mois auparavant. Les morceaux sont travaillés et impeccablement exécutés faisant remuer bon nombre de spectateurs.

Le spectacle hip-hop teinté de soul et de jazz reprendra sur la même scène pour la prestation époustouflante de
Hocus Pocus. Avec une belle humilité, le groupe s’est livré au public sans compter. Un concert comme il en faudrait plus souvent, surprenant, agréable et bien loin des starlettes présentes pour les 10 ans. Entre temps, on aura le temps de faire un bon en arrière devant
MC Solaar et de faire des bons en l’air sur
Asian Dub Foundation. Parlons-en de ces 10 ans. La version Solidarité Sida du concert des Enfoirés. Une belle brochette de chanteurs issus de la "nouvelle" chanson française se succède sur scène pour des reprises en duo. On rigole en voyant
La Grande Sophie qui n'a de grand que son nom et
Jeanne Cherhal reprendre
Téléphone, on sourit en voyant
Yaël Naim pétrifiée sur scène et on se barre quand
Renan Luce et
Thomas Dutronc se pointent devant le micro. Certains auront aimé, pas moi. Tant pis pour les deux morceaux de
NTM et
C2C, au moins il n’y a personne au bar et aux (problématiques) toilettes.
Après une dégustation de souvenir hollandais, nous voilà à délirer sur les
Dub Pistols, qui n’ont rien perdu de leur énergie. Le mélange reggae et musique électronique fait mouche et ne me fait pas regretter de manquer
Etienne de Crécy. Mais le plus drôle reste à venir… On se pointe devant
Missil, histoire de voir ce que vaut cette petite dont on entend beaucoup parler. Oh surprise, la pauvre djette à couettes ne parvient pas à enchaîner deux morceaux correctement. On croît à une blague mais non, elle continue son set avec la même maladresse. On se dirige vers
Brodinski pour se rassurer et profiter de quelques pistes soignées, sans fioritures mais efficaces. Les jambes me lâchent et les 2 heures de sommeil de la veille nous forcent à délaisser la pauvre
Jennifer Cardini et
Beat Torrent. Une prochaine fois c’est promis.

Dimanche La dernière journée s’ouvrira pour nous par
La Chanson du dimanche. Des textes drôles et de la bonne humeur qui vous donnent un grand sourire. Sauf que le côté acoustique du duo passe moins bien sur une grande scène. Trop de basse qui masque les textes. Dommage. On hésite ensuite entre
Java et
Ting Tings mais optons pour la session accordéon. Petite erreur car on s’ennuie un peu devant la musette. Et forcément, on nous dira que
Ting Tings c’était génial. On le saura maintenant que l’accordéon le dimanche après-midi, ce sera bon à 60 ans. D’hésitation il n’y aura pas par la suite. Entre les délirants Québécois des
Cowboys Fringants ou la tarte aux fraises en legging de
Yelle, le choix est vite fait. Autant l'avouer on a rigolé et on a bien dansé sur les airs de rock folk de nos amis francophones.
De quoi se préparer pour lever le poing sur
Iam. Car voilà les mythiques rappeurs marseillais qui entrent sur scène. On attend tous leurs titres phares et ils ne nous déçoivent pas.
Petit Frère,
L’Ecole du micro d’argent et
L’Empire du côté obscur rythment leur live, accompagné des Fruits Confits, leurs musiciens au "nom de tueur." Alors quand
Shurik’N entame
Demain c’est loin en clôture de concert, on se dit que là
Iam nous a vraiment gâté. Les yeux pleins d’étoiles couleur argent, on se dirige vers la sympathique scène Bagatelle où se produisent
Toots & The Maytals. Un peu de reggae qui ne fait pas de mal mais sans convaincre pleinement puisque l’on se dirige vers le live des
Gossip.

Bien nous en prendra, la chanteuse est en tenue "sexy", simplement vêtue d’une robe transparente et de sous-vêtements noirs. Tout en provoc, le groupe fait remuer le chapiteau entier et terminera en apothéose par ses bombes
Standing in the way of control et
Mangled heart, et sans la robe s'il vous plaît. On en redemande mais c’est déjà le concert de clôture de
Tiken Jah Fakoly. Cette 10ème édition des Solidays aura fait le plein de spectateurs grâce à une programmation éclectique rassemblant tout type de public. Sympathique surtout quand nombre de festivals tendent à devenir une repère d’ados imbibés d’alcool. Bravo et merci.
Merci à Alain G. (www.le-hiboo.com) pour ses photos.