Cela faisait bien longtemps que la programmation du festival de musiques du monde des Escales n’avait pas été aussi alléchante. Tirée vers le haut par la venue exceptionnelle de Sonic Youth, l’affiche drainait les foules, battant les records d’affluence des seize dernières éditions. Souvenirs de Camille le vendredi et de Fabien le samedi.
Vendredi
Plantons le décor. Les Escales, ce sont deux jours de musiques du monde, dont la programmation est précisée par un thème. Cette année, comme en 2009 d’ailleurs, Les Escales seront Transatlantiques. Avec le port de Saint-Nazaire pour terre d’accueil et un public comme toujours familial, cette 17ème édition commençait pour nous par le jazz & african blues de Dee Dee Bridgewater. Un live émouvant, rythmé par la voix chaleureuse de cette belle femme, où l’on se surprend à remuer le popotin quand les percussions entrent en jeu. Très agréable, Dee Dee prenait le temps, entre chaque morceau, d’expliquer, de raconter une histoire. On appréciera même les notes apaisantes de Nina Simone, reprise avec brio par la chanteuse américaine.

Nous abandonnons Dee Dee pour découvrir
Antibalas sur la scène du Port, avec pour décor la base sous-marine de l’autre côté de l’eau. Étonnement vivant et remuant, le live des New-Yorkais séduisait grand nombre de spectateurs, mais il était temps pour nous de rejoindre
Balkan Beat Box sur la scène Estuaire, installée à quelques mètres de la Loire, où nous garçons, allions évacuer les bières. Décapante, la prestation de
Balkan l’était. Orchestrée par des cuivres impeccables, la musique des Américains faisait remuer la foule, mélangeant tradition klezmer et samples électroniques avec talent. La voix façon
Asian Dub Foundation haranguait le public, venu nombreux, et bien souvent sans les enfants… Festival familial, Les Escales ne s’étaient pas trompées en programmant les
Balkan Beat Box au moment chaud de la soirée.
La soirée du vendredi s’achevait en promenade d’une scène à une autre, d’une déception à une autre.
Charlélie Couture et son rock façon Johnny ou le grand bazar de
Nervous Cabaret ne retenaient pas notre attention longtemps. Même
Dj Chico qui clôturait la soirée n’atteignaient pas le niveau annoncé. Il était temps de rentrer.
Samedi
Bien que Nazairien de naissance, je découvrais pour la première fois Les Escales non sans une certaine curiosité. Accompagné de quelques amis, je me plus à découvrir un festival différent de ce que à quoi on peut s’attendre d’ordinaire d’un tel événement.

Il y a ce public d’abord. Un public venu en nombre et en famille bien souvent. Mais surtout, une population on ne peut plus cosmopolite. Côté ambiance, je ne m’attendais donc pas à quelque chose d’exceptionnel. Cela fût plutôt bon enfant, voire calme. Un peu trop peut-être même, notamment sur
Sonic Youth.
Tête d’affiche de ces Escales, le légendaire quintet New-Yorkais nous offrait pourtant un live dévastateur et expérimental à souhait. Malgré un jeu de scène limité, le groupe irradiait pourtant la scène d’un charisme qu’on ne retrouve que chez les plus grands. Voix ténébreuses et riffs accrocheurs se rendaient la pareille avec vigueur sur les rythmiques puissantes du batteur Steve Shelley. Et Kim Gordon poussait la chansonnette avec ce qu'il lui reste de cordes vocales. Si le public ne répondait malheureusement guère, il aura sûrement apprécié l’impressionnante maîtrise des Américains. En dépit d’un rappel bâclé, ils nous remémoraient ainsi qu’ils étaient au centre de ce week-end musical nazairien.
Avant eux, la populaire
Asa avait gentiment lancé la soirée, dans la lignée de ses « tubes » FM. Une prestation un peu trop sobre néanmoins à mon goût. Je lui ai largement préféré le live électrique de
Ramiro Mussoto. S’inspirant de musiques brésiliennes, le groupe s’illustra par son énergie incroyable et l’utilisation d’instruments pour le moins originaux.

Après une rapide pause du côté de la scène du Port où la troupe de
Fred Wesley et Pee Wee Ellis (qui ont tourné avec
James Brown) n’a pas vraiment retenu mon attention, nous nous (re)dirigèrent vers la scène principale.
Alpha Blondy s’y produisait avec son engagement habituel. Et, malgré une prestation qui manquait singulièrement de ressort, il parvenait à faire bouger une foule quelque peu rajeunie.
Je rentrai ensuite chez moi sur un sentiment partagé. Si l’originalité du site portuaire, l’éclectisme de la programmation, la diversité de la population ou les différentes animations m’ont réellement séduit, j’avoue ne pas m’y être retrouvé d’un point de vue strictement musical… Malheureusement, n’était-ce pas là l’essentiel ?