
© -
Le HibOO
Cette soirée du 12 octobre 2009, vient inaugurer pour ma part deux premières : premier concert à l’Alhambra (Paris) et premier concert de
Shannon Wright. A force de rater régulièrement ses dates dans des points divers de l’Hexagone, je m’étais habitué à l’idée de remettre les couverts en ne pouvant pas y assister. A croire que le sort en a voulu autrement puisse que j’ai enfin pu voir le « fauve » sur son terrain de chasse.
La métaphore n’est pas de trop, voir arriver
Shannon Wright sur scène, même quand on est rodé aux concerts de bon nombres de pointures en la matière, peut facilement déstabiliser le spectateur. En véritable lionne,
Shannon Wright arrive sur scène sur la pointe des pieds, certes mais de façon imposante. Et ce n’est que le début… La tension est vraiment palpable, proche du malaise. On se demande même si on ne dérange pas. On a en tête les quelques soirées vaseuses où on a été invité par le pote d’un pote chez quelqu’un qu’on ne connaît pas, et qui vous fait comprendre froidement que vous n’avez rien à faire ici.
Shannon Wright dit à peine bonjour. On m’avait parlé cent fois de ses concerts intenses où la chanteuse terminait au bord de l’évanouissement, mais pas vraiment de son tempérament sur scène. Ici pas de chichis pas de
joke ni de déclaration d’amour à la France, mais le silence entre chaque titre. Bref, pas de minauderie, place à l’émotion brute, celle que vous prenez dans la figure, celle qui vous électrise et qui d’un coup vous paralyse par sa beauté.

© -
Le HibOO
Au fur et à mesure que les titres s’enchaînent, la lionne se montre de plus en plus agitée, la tension monte, la scène devient son territoire de chasse dans lequel ses trois musiciens (basse, batterie et effets) osent, au sens propre comme au sens figuré, à peine y mettre les pieds. La chanteuse enchaîne les titres de son nouvel album
Honeybee Girls, mais aussi
Dyed In The Whool et consorts. Éteinte et silencieuse entre les différents titres, la chanteuse s’incarne d’emblée dès qu’elle entame les premiers accords d’un de ses titres. Tendue, agitée et animée d’un charisme presque sexuel quand elle prend la guitare, la chanteuse change de face en devenant pausée et poignante quand elle passe au piano. Si son jeu à la guitare se veut tendu, âpres, explosif et coléreux, son passage au piano devient virtuose et d’un lyrisme des plus poignants.
On pourrait analyser chacun de ses titres plus prenants les uns que les autres, rester dans l’objectivité, mais assister à un tel moment, ne peut qu’au contraire vous laisser dans la subjectivité. On se contentera d’applaudir son incroyable charisme, et cette personnalité qui donne tout sans rien attendre en retour. On reste fasciné par cette lionne qui ne cesse d’arpenter la scène de long en large et en travers allant chercher les tripes de ses musiciens (bien absents tant musicalement que physiquement… mais qui pourrait lui tenir la dragée haute ?) . On reste glacé lorsqu’au milieu d’un morceau elle chante seule accompagnée de sa guitare électrique et sans micro. On sent les centaines de personnes qui sont dans la salle s’avancer de quelques centimètres sur eux-même, comme pour ne pas perdre une seule miette de cet instant.

© -
Le HibOO
Un concert mené par
Shannon Wright c’est une longue montée en régime où tension et relâchement ne cessent d’alterner pour s’achever dans un tourbillon d’une grande intensité (il faut la voir finir son concert, seule, maîtresse d’une guitare âpre et tellurique). Cette lionne donne tout ce qu’elle a sur scène au point d’en finir à bout de force. Comme libérée, elle termine ce concert par un des plus beaux saluts au public qu’il m’ait été donné de voir. Un gage d’affection, sans parole que la chanteuse esquisse par quelques gestes.

© -
Le HibOO
Shannon Wright est actuellement en concert dans toute la France, et passera par Lille, Reims, Dijon, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Lausanne (Suisse), Toulon, Montpellier, Pau et Périgueux, une aubaine pour ceux qui ne l’ont jamais vu et pour les autres qui ne cessent d’en redemander.