Dès la sortie de son premier disque, en 1978, le saxophoniste 
Paul Flaherty s’est fait le chantre d’un free jazz radical auquel les années 1980 ont imposé silence. Décidé à rattraper le temps perdu, il a profité de la décennie suivante pour effectuer son retour. Et multiplie, depuis, les collaborations tapageuses. 
Aux côtés du batteur 
Chris Corsano, notamment, partenaire régulier avec lequel il donna, en 2004, un concert amené à devenir 
The Beloved Music. Dès l’ouverture, il semble évident que le duo cherche aussi peu à se faire un public que des amis. Rauque, le saxophone verse déjà dans l’excès quand il décide d’aller estimer les suraigus dont il se sent capable. Une fois encore, le parallèle entre le jeu de 
Flaherty et celui de 
Peter Brötzmann tient de l’évidence. 
Jamais apaisé, 
Corsano multiplie les soutiens changeants. Virulent sans jamais en arriver au point d’abandonner tout référent de structure (
The Great Pine Tar Scandal), il joue avec sa propre impatience, appuyant à merveille les phrases du saxophoniste ou décidant d’une promenade hors champ, lorsqu’il ne distribue pas partout les coups qui prolifèrent.
Toujours sur le qui-vive, 
Flaherty comme 
Corsano, se retournant la politesse du solo introspectif, voire tourmenté (
A Lean and Tortured Heart), ou bricolant à deux un free péquenaudicide, histoire de rendre l’air de Louisville, Kentucky, un peu plus respirable (
What Do You Mean This Is A Dry County ?). A défaut de pouvoir faire céder sous leurs coups les manières dégénérescentes d’une American Way of Life devenue affaire de parvenus ignares.
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 27/02/2006