Avant même sa sortie, 
Qu’est-ce qui m’a pris, second album solo de 
Philippe Poirier, ne nous était pas totalement inconnu. Entendus ici ou là, 
La carte postale, 
Le grand filtre et 
Qu’est-ce qui m’a pris préludaient un successeur somptueux à 
Qui donne les coups, sorti il y a déjà sept ans.
Philippe Poirier a fait appel - excusez du peu - à Guy Bickel, à Pascal Benoit et à Marco de Olivera, ses complices de 
Kat Onoma, au brillant Stefan Schneider de 
To Rococo Rot, à l’incontournable 
Dominique A, auteur et chanteur de 
Gouvernance et enfin aux chevronnés Ronald Lippok et Bernd Jestram de 
Tarwater. Voilà qui peut expliquer la richesse de l’album, cette profusion éblouissante de sons et d’atmosphères, et son balancement indécis entre de subtiles "pop songs" enrobées de mélodies sucrées et des morceaux atmosphériques plus expérimentaux aux textes sibyllins.
La prime est toujours donnée aux textes. 
Philippe Poirier ne les chante pas, mais il ne se contente pas non plus de parler. Il s’exprime dans cet entre-deux qui fait tout l’intérêt de ses chansons. Il dit, un peu à la manière du 
Alain Bashung du magnifique 
L'Imprudence ou du 
Serge Gainsbourg de l'
Histoire de Melody Nelson. Les intonations, le rythme de la voix acquièrent alors une force fabuleuse. Emprunts d’une poésie surréaliste, les textes, sensibles, évoquent tantôt la torpeur de la félicité (
Je songe), tantôt la tranquillité de l’insouciance (
Le grand filtre), tantôt les tortures de la mélancolique (
La riviera)... sans oublier l’amour en toile de fond, celui qui fait mal et rend heureux.
L’écoute de 
Qu’est-ce qui m’a pris est souvent évidente, parfois exigeante, quand par exemple le sax se fait libère dans les tourments d'une improvisation débridée (
206 os carrés). Chaque élément a été façonné et ajusté minutieusement aux autres pour reproduire l’harmonie. Sax alto, guitare, contrebasse et parfois une batterie s'appareillent à merveille. Les seuls regrets portent sur cette tendance à la réitération à l’infini de la même phrase instrumentale qui certes sert les textes mais gâte la mélodie et que seule la délicatesse d’une électronique foisonnante vient perturber.
Un album plutôt réussi qui contraste avec ce que la chanson française fournit habituellement et qui confirme tout le bien que nous pensions du label 
Microbe.
	
	
		Chroniqué par 
		dfghfgh		
		le 22/01/2005