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Langage Computer

: Interview avec Langage Computer



Rencontre avec Detect et John Bloug, les deux membres de Langage Computer, récent et néanmoins excellent groupe qui vient de sortir Mouse back Ridding chez Quatermass.

Quelles ont été vos principales inspirations pour ce disque (musicale ou autres) ?

Detect : Elles sont diverses. Musicales avant tout avec le hip hop d'où l'on vient et plus particulièrement tout l'univers de la scratch music qui a bercé mon adolescence. Les Skratch Piklz avec Qbert et Mix Master Mike. D-Styles qui m'impressionne toujours au temps, Kid Koala ... On puise aussi nos inspirations dans la musique concrète des années 60/70, dans le cinéma bien sur, les séries TV, à travers certains personnages humoristiques ou autres . John-Bloug : je ne sais pas si on peut vraiment parler d'inspirations ayant menées à ce disque. Disons qu'on a écouté pendant cette période beaucoup plus de musiques électroniques que de hip hop, par exemple. Après, j'imagine que tout rentre en compte, mais quand tu fais de la musique, c'est plus en fonction de ton état d'esprit que des influences externes. La vieille cassette de Mr Manatane a dû bien aider aussi.

Pour un premier album, la claque est sévère : on ressent beaucoup de maturité de l'un comme de l'autre ainsi qu'un gros travail de collaboration : comment travaillez vous ?

J-B : oui, c'était vraiment le but premier et qui donnait tout son sens au projet : intégrer parfaitement la platine. Et pour ça, on peut pas juste chacun faire son truc dans son coin en espérant que ça donnera quelque chose d'homogène. Donc en gros, je compose quelques instrus, on choisit ensemble celles qui nous intéressent le plus, et après on essaiera énormément de combinaisons avec les platines, voir ce qui colle le mieux, quitte à re-séquencer le morceau en fonction. Detect : Chacun apporte sa vision et ses idées et on confronte les 2. On fait plusieurs essais, on laisse reposer pour y revenir quelques jours ou semaines plus tard, on réécoute, on modifie. Un morceau peut se faire en 1 journée comme en 2 mois

Quel regard portez vous sur les scène électronique et hip hop actuelles (nationales et internationales) ? Qu'est ce qui vous plait (ou vous déplait) en ce moment ?

Detect : En hip hop il y a un réel revirement. Le hip hop indépendant est mort depuis 1 ou 2 ans. Un des derniers bastions en a fait les frais : Def Jux. Ils auront tenu le temps de quelques maxis et l'album de Cannibal Ox. Depuis le hip hop indépendant n'est plus que l'ombre de lui même. Les choses intéressantes se passent ailleurs. De mon côté je fais un gros retour en arrière sur le hip hop new yorkais et de philadelphia des années 80. Entre Run Dmc, Tuff Crew, Ultramagnetic Mc's, Scholly D .Cette période ne sera jamais égalée. En électro il se passe beaucoup de choses. Des pionniers comme Squarepusher ou Autechre continuent à pondre des classiques. Des petits nouveaux complètement fous débarquent : Donna Summer, Ove Naxx, Utabi, Dj 100000000. Et chez les français il y aussi une émergence de tous les côtés et de grande qualité : Fuck A Loop, Teamtendo, Feadz, Oizo, dDamage, France Copland, Jackson. On n'a pas à se plaindre, on est dans une très bonne phase. J-B : En hip hop, ça fait un moment que ça stagne, quand même, que les bonnes sorties se font très rares. C'est de plus en plus difficile de donner son top 10 hip hop à la fin de l'année.

Votre album est un savant mélange d'electronica et de hip hop : symbiose des aspirations de chacun d'entre vous (Detect pour le HH et Bloug pour l'électronique) ou véritable penchant des 2 pour ces styles ?

J-B : En fait les rôles ne sont pas repartis comme ça. A la base on vient tous les deux du hip hop, on en écoute depuis un moment, et on s'est rencontré via le site nuskool (qui est ensuite devenu Hiphopsection). Mais quand on a commencé l'album, on écoutait beaucoup plus de musiques électroniques qu'autre chose, d'où ces sonorités electronica. Cela dit, au-delà de la présence des platines, je pense qu'on sent bien l'influence hip hop dans l'ensemble. Detect : Nos inspirations sont très variées. La répartition des rôles n'est pas aussi sectaire. Ca se fait au feeling. Comme je m'occupe de toute la partie " scratch " sur l'album c'est forcément associé au hip hop, mais on ne pense pas en fonction de ça pour créer nos morceaux bien entendu. J-B : De toute façon, ça n'aurait mené nulle part si chacun avait été à fond dans son style à lui. De ce côté-là, on a des goûts très proches.

Même si le disque est en majorité instrumental, on retrouve néanmoins quelques Mc's de renoms : comment s'est effectuée cette collaboration ? vous leur avez confiés les instrus avec liberté pour eux de poser à leur guise ou le travail s'est il effectué ensemble ?

Detect : Je connaissais Hi Tekk et James pour avoir collaboré avec eux sur leurs albums respectifs donc la connexion s'est faite rapidement. J-B : C'est Buck65 qui a été le facteur déclencheur. Comme je le connais personnellement et qu'il habitait à Paris à cette époque, James Delleck m'a demandé s'il serait possible d'enregistrer un morceau avec lui pour Gravité Zéro. Je les ai donc mis en contact, et on s'est tous retrouvés pour en parler. Nikkfurie (de La Caution) voulait lui aussi la présence de Buck sur l'album de l'armée des 12, et c'est comme ça que j'ai rencontré Hi Tekk. J'en ai profité pour leur faire écouter les instrus que j'avais sous la main, et ils ont accroché tout de suite. Par contre on a participé à l'enregistrement. Chacun a choisi le morceau qui l'inspirait le plus, et après on a tout enregistré en deux jours : le morceau de Buck, ses couplets pour Gravité Zéro et l'Armée des 12 et le morceau de James.

A contrario de nombres de productions de ce style, vous privilégiez largement l'aspect mélodique : choix artistique, refus de sombrer dans un " click-glitch-blip " expérimental inaudible, véritable goût pour les mélodies, désir de prouver que l'electronica pouvait aussi être belle …

Detect : On a quand même un véritable goût pour les mélodies et c'est important d'avoir une identité propre et un son à part. J-B : Peut-être inconsciemment, je sais pas. En tout cas il n'y a pas de volonté activiste derrière tout ça. Nous écoutons nous même de la musique qui pourrait passer pour inaudible ! Par contre ce qui est vrai c'est que je ne privilégie pas l'aspect technique de la musique électronique, je vais plutôt aller chercher une émotion ailleurs, dans des mélodies assez froides. Cela dit il y a énormément d'exemples qui montrent que la musique électronique est belle. Même chez un groupe comme Autechre, qui peut en déstabiliser plus d'un, d'un album sur l'autre, leurs compositions rythmiques sont des mélodies à elles toutes seules. Ça c'est plutôt fort.

Detect, tu étais récemment à le Red Bull Academy, en Afrique du Sud, où, je crois, tu représentais la France : tu peux nous en dire plus ?

En gros le principe est de sélectionner 1 Dj/producteur par pays (30 Dj 's en tout) et de les réunir dans une ville, au sein d'une academy (au sens américain du terme) où des artistes, des professionnels viennent échanger et partager leurs connaissances, leurs parcours, leurs visions de la musique etc ... Ca dure plus de 15 jours sur un rythme très soutenu et dans une ambiance incroyable. Chaque jour, deux artistes venaient à l'académie. On pouvait discuter avec eux la journée, ils nous faisaient écouter des sons ou autres, nous enseignaient quelques techniques et le soir on se retrouvait en studio à appliquer ce qu'on avait appris. C'était valable aussi bien pour le mix que pour la prod. Sinon, en invité, il y a eu A trak, Prince Paul, Sebastien Niessen (le concepteur des machines de Kraftwerk), Erlend Oye, Liquid Liquid, Plaid, Mira Calix, Mixologists etc ... je pourrai parler 3 heures sur chacun d'entres d'eux. Ils ont investi un fric fou dans la conception de l'academy. Ils ont même crée une radio spécialement pour l'occasion. Bref on avait à disposition absolument tout le matos que l'on désirait (du plus vieux synthé analogique à la première boite à rythme Roland, en passant par n'importe quel sampler, logiciel etc ... c'était assez hallucinant). Donc bien sur, c'est le pied total de se servir d'un Jupiter 6 en programmant un beat sur la TR 909. Nos "profs" n'étaient autres qu' Ectomorph, Patrick Pulsinger et Marcus Wormstorm ! Ectomorph était formé de la 1/2 de Drexciya, Pulsinger est le boss du label Cheap record, il a remixé dernièrement APC ("Fear") et Markus Wormstorm fait parti de Constructus Corporation, il est signé sur le label Sound Ink et sa musique est géniale. Voilà, en 15 jours on a appris à se servir de tous les logiciels existants sur terre, à mixer un morceau, les bases d'un mastering avec Rig Essig (qui a masterisé Coldplay, Britney, Kylie Minogue, Radiohead etc ...) à utiliser plusieurs machines suivant nos affinités et voilà.

Une p'tite playlist pour terminer ?

1- MR OIZO " NEW EP" (F.COM)
2- TACTEEL " TV.ME " (LEX RECORDS)
3- ELLEN ALLIEN " ASTRAL EP " (BPITCH)
4- LANGAGE COMPUTER " ONEIRIC LOOPHOLE" (QUATERMASS)
5- TEAM TENDO " WE EP" (INSTITUBES)
6- MODESELEKTOR " ATWATER.CA RMX" (BPITCH)
7- ULTRAMAGNETIC MC'S " CRITICAL BEATDOWN " (NEXT PLATEAU)
8- dDAMAGE " PRESSURE" (PLANET MU)
9- AUTECHRE " SURRIPERE " (WARP)
10- ABOVE THE LAW " UNCLE SAM'S CURSE" (RUTHLESS)

Merci messieurs !

Interview par Oropher
le 18/04/2004

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(2004)
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Electronica Hip-hop



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