Accueil | dMute

Dj Koze

: Interview avec Dj Koze



Pour ceux qui traînaient déjà leurs guêtres dans quelques clubs techno à la fin des 90's, le nom de DJ Koze devrait vous interpeler.
Stefan Kozalla aka Dj Koze est un insatiable producteur qui possède une "patte" reconnaissable entre mille.
A l'occasion de la sortie de Reincarnations - The Remix Chapter 2001/2009, il répond à nos questions, ne se dévoilant que partiellement, se faisant tour à tour poète, philosophe et technicien.

Attention interview mystique et habitée.

Tout d'abord, comment vas-tu ? La tournée promo n'est pas trop fatigante ?

En ce moment je suis dans un magnifique petit village dans le nord de l'Espagne, où je vais aussi souvent que faire se peut, pour retrouver mon équilibre. Trop de tournées tue la tournée !


Tu viens donc de sortir une sélection de remixes sous l'intitulé "Réincarnations. pourquoi ce titre ?

Allez, devines!


Qu'est-ce qui t'attires globalement dans le remixage ? Comment choisis-tu les morceaux que tu vas remixer ?
Dans quel état d'esprit te trouves-tu une fois le choix fait ? Comment trouves-tu l'inspiration finalement ?


Il faut qu'il y ait au moins un élément qui m'inspire pour que je me décide à travailler un morceau. Très souvent je bloque sur les voix; quand je les aime (ce qui arrive rarement) je fonce.
Au début je commence à jouer à l'aveuglette avec les partitions, sans à priori ni but précis; je regarde si la magie s'installe (ce qui n'est pas toujours le cas).
D'ailleurs pour être honnête, la plupart des commandes de remix que j'annule le sont après cette première phase d'approche, juste parce que je ne suis pas satisfait du résultat.


A titre d'exemple, et sans dévoiler tes petits secrets (mais ne te prives pas non plus, hein ?) pourrais-tu nous expliquer exactement comment est construit ton remix du Elementary Lover de Matthew Dear

Le 5 mars vers minuit en travaillant sur ce remix dans mon studio d'Hambourg, je me suis aperçu que le crépuscule s'était soudainement transformé en obscurité totale, j'ai alors entendu des voix au-dessus de ma tête et j'ai ensuite reçu comme un coup sur le crâne : "Cela a entraine une énorme explosion au cours de laquelle mon corps fut exterminé. Cependant ce fut une délicieuse dissolution qui me fit perdre mon individualité, mon identité, ahamta, tout cela avait complètement disparu, laissant la place à la pure félicité, j'étais libéré de toute forme de peur" (Ndt: se serait-il incarné en Matthew Dear le temps d'un remix, le doute plane...)


Et sans abuser de la situation, qu'en est-il de celui du Rabbit Tube de Lawrence ?

Mon ami Lawrence est à mes yeux un "illuminé". C'est une des personnes les plus gentilles de cette planète . Il est très patient pour tout.
Il a un grand cœur, doté d'une grande écoute et il est plein de sagesse. Franchement, qui d'autre que lui aurait pu imaginer une phrase comme "Pas de solution n'est pas une solution non plus". En somme, j'ai fait ce remix en 2007 avec de l'amour dans mon cœur.


Techniquement parlant, quels matériels utilises-tu ?

Un bon mélange entre analogique et digital, j'essaye toujours d'éviter d'abuser du logiciel Sequenzer. Ou seulement à la fin,
et j'ai encore un gros studio avec pas mal de vieux synthés et de nombreux instruments acoustiques. Je me garde une aire de jeux.
Je pense fondamentalement qu'on peut donner à "entendre", à comprendre les lieux d'où nait la musique, à condition d'avoir de l'espace disponible quand tu la crées !'


Plus généralement, tu viens du hip hop, c'est bien çà ?
Quel rapport entretiens-tu avec le hip-hop ? Qu'en as-tu retiré ? Comment le juges-tu aujourd'hui ? En bonne santé ou en danger ?


Oui, j'ai toujours été fasciné par la musique brute de décoffrage, agitée et sans concession, donc j'écoutais des groupes genre psychobilly, avant d'être happé par le pur pouvoir du hip-hop.
Mais j'ai réellement vécu mon big-bang musical en écoutant un morceau du deuxième album de Public Enemy, It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back, ça m'a littéralement bouleversé cette manière d'utiliser des morceaux existants et d'y ajouter du bruit, du stress, c'était nouveau pour moi. Sans compromission et plein d'énergie.
Je recherche toujours ces ingrédients quand j'écoute une nouvelle musique.
Je suis passé ensuite du hip-hop à l'acid house. Et pour en venir à la question des frontières, je dois dire que la chose qui m'intéresse le plus dans la dance music électronique c'est le modernisme et comment je peux la faire avancer, évoluer. Dans le même temps je suis toujours un fervent défenseur de l'énergie de la bonne vieille house music traditionelle.
Sinon, je pense sincèrement que le hip-hop est toujours de la bonne musique, mais un peu ennuyeuse à mon goût. Et puis je ne supporte plus l'attitude qui va avec, peut-être suis-je trop vieux !
En tout les cas, j'aime encore beaucoup le hip-hop instrumental comme Hudson Mohawke, Madlib et bien sur J-Dilla.


J'aurais un peu la même question sur la musique techno que tu côtoie aussi ? Que penses-tu de son évolution passée, ses perspectives d'avenir ?

C'est un peu le même problème avec la techno, surtout la musique de boîte, je fais très souvent ma petite déprime sur la techno; parce que de nos jours cette musique (je vais éviter d'utiliser le mot affreux MINIMAL) n'est rien de plus qu'une formule, que bien trop de personne reproduise sans vision, sans personnalité , ni émotion ou courage.
Comme je te l'ai dit , je n'ai jamais voulu faire parti d'un mouvement conservateur, je traque toujours la bonne musique et les talents, ces gens qui font avancer les choses, qui créent de nouvelles voies.
Et, lorsque je trouve, je deviens rapidement un fan, il y a tellement de jeunes qui assurent, qui font de la très bonne musique. Des fois je me dis qu'il faut que je prenne ma retraite !


Tu as déjà en partie répondu, mais finalement te sens-tu concerné par cette façon de compartimenter les styles de musique ? Trouves-tu ça opportun et réellement intéressant ?
La question là-dessous, "LA question qui tue" : qu'est-ce que "pratiquer" la musique pour toi ? Qu'en retires-tu au-delà du fait que tu en as fait ton "gagne pain" ?


Je pense qu'il y a au moins deux catégories d'artistes, ceux qui "font" toujours au même endroit, qui deviennent de plus en plus bon dans ce qu'ils "font" jusqu'à ce que les gens réalisent ce qui se passe.
L'autre catégorie d'artistes essaie continuellement de se renouveler. Ils ont ce besoin de se divertir tout le temps; je suppose que j'appartiens à la deuxième catégorie.
Et pour tout dire, je pense que les deux catégories sont justes et bonnes, elles sont tout simplement différentes.
La musique est ma passion et je brûle pour elle; j'ai toujours envie d'aller à la conquête de nouveaux territoires et de créer des choses qui touchent mon cœur et j'espère toujours qu'elle touchera quelqu'un d'autre...


Allez, pour finir, petit rituel :

- Ta playlist du moment ?


Soap & Skin - Funeral Marche
Phoenix - Fences
Manon - Inkulu
Burial & Four Tet - Moth
Johann Sebastian Bach / Glenn Gould - Variations Goldberg


Un bouquin de chevet ?

Frère Sommeil (Schlafes Bruder) de Robert Schneider


Un film marquant ?

Les Citronniers (Lemon Tree) d'Eran Riklis


Tes projets à venir ?

L'illumination, l'instruction spirituelle


Et bien merci pour ce petit instant passé avec nous

Merci a toi aussi

A bientôt.

Interview réalisée par mél. Un grand Merci pour la traduction à Céline "Gwadaline" Dobrychine

Interview par Yvan
le 09/06/2009

Tags : Dj Koze

Partager cet article :


A lire également sur dMute :
Amygdala
(2013)
Pampa records
House / House-Hop/ Pop'n'House



0 commentaire
Laissez un commentaire
Nom (obligatoire)
Mail (ne sera pas publié) (obligatoire)
Site web (facultatif) Recopier le code ci-dessous (obligatoire)



jeu. 28/03 - Chronique
Halo Maud - Celebrate
mar. 26/03 - Chronique
Daudi Matsiko - The King Of Misery
sam. 23/03 - Blog
USA Nails - Feel Worse
dim. 17/03 - Chronique
Nils Økland Band - Gjenskinn
sam. 16/03 - Chronique
Laetitia Sadier - Rooting for Love
lun. 11/03 - Blog
Schatterau - Schatterau
 newsletter : 
ok





Equipe/Contact  |  Partenaires  |  Présentation  |  Crédits  |  Newsletters