Bien des mystères entourent cet obscur duo néerlandais que nous avions découvert en 2022 lorsqu'il sortait son magnum opus Sent From My Telephone, soit quatre heures et trente minutes de bribes sonores rêvasseuses au croisement de l'electro-pop, du spoken words et d'une sorte de cold wave à ses prémices. Hélas, la bizarrerie assez retorse de l'objet fait que l'on n'y soit pas revenu tant que ça, comme d'ailleurs ce Lust (1) au format pourtant plus facile d'accès, survolé rapidement lors de sa sortie en janvier puis laissé poliment de côté. Une réécoute sera toutefois envisagée par votre serviteur pendant un épisode grippal pour le moins carabiné et là, ce fut l'extase. Mais rien d'étonnant à ce que la musique de Voice Actor fasse si bien écho à un tel état tant celle-ci paraît tout aussi fiévreuse dans ses sonorités, courbaturée dans ses rythmiques et somnolente par essence.
Contrairement au grand puzzle que formait Sent From My Telephone, Lust (1) se présente plutôt comme une succession de longues boucles électroniques dans lesquelles la voix quasi ASMR de Noa Kurzweil – cette fois-ci seule aux commandes du projet mais rejointe par le producteur britannique Squu – surnage en étant striée de toutes parts et parfois réduite à quelques bouts de mots à peine perceptibles. L'ensemble crée en tout cas un effet hypnotique voire hypnagogique, ce fameux état au seuil du sommeil, et c'est sûrement à cet endroit sensoriel assez inédit qu'une œuvre comme Lust (1) devient intéressante voire fascinante à certains instants. L'album est sorti chez STROOM.tv (Merope, Milan W.), jeune label belge défricheur de musiques nouvelles et expérimentales que l'on va dorénavant suivre assidûment.
Chroniqué par
Romain
le 18/03/2025