"Mathémotique". Disons que ce serait le nom d'un genre. Disons aussi que ce nom serait destiné à désigner la musique d'une zone géographique définie à une époque définie, mais peut-être pas si rigidement que ça. Disons plus précisément quand même : le Japon du début du vingt-et-unième siècle. Ajoutons — un peu plus, et ce serait un inventaire — que ce terme subsumerait :
Té,
Toe,
Mirror,
Lite. Et encore :
Balloons. Autant de couleurs d'un spectre dont ce dernier groupe, puisque c'est l'occurrence du type, représenterait l'extrémité la plus émotiviste de la mathémotique.
Musique mineure par excellence — c'est de mode que l'on parle — qui s'ancre dans un sens du rythme et de la percussion (on ne soulignera jamais assez l'importance des batteurs dans ce genre de musique) qui la remet à maintes reprises dans le droit chemin, loin des fausses routes californiennes.
C'est ainsi un punk doux prononcé avec un accent inimitable. On y crie parfois. Mais, c'est à peine. Une caresse suffisamment appuyée pour susciter le désir. On y pratique des séries de variations sous-jacentes qui ne rompent pas la monotonie de la courbe que les pièces dessinent, mais en indiquent des points différents (
Anonimity). Des cassures çà et là — on les remarque — des crises dans les mêmes courbes, des points de retournement, des cycles lovés dans une tendance générale (
Go outside of you,
The biggest numbers). On s'y prend parfois même à finalement sortir de la minorité (la fin de
Excess baggage). Divertissement qui va à l'encontre du mouvement général, tout contre la pièce éponyme de
9:40 PM qui, elle, sans le moindre mot dire — mais légèrement bruitiste, groovesque et mélodieuse (de la mathémotique pure, en somme) — s'affirme comme capitale. Avant d'en tracer une dernière rageuse. Et de bon ton.
9:40 PM, ce n'est pas l'album du siècle. Ça, non. Mais, il vaut le détour. Ne serait-ce que pour se désennuyer un peu, sans s'abrutir.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 11/06/2008