Charlotte Gainsbourg et la musique, c'est comme de nombreuses histoires de famille: une histoire compliquée. Sans avoir écouté l’album, on est entre deux eaux : perplexité devant un enième transfuge du cinéma à la musique, agacement devant un battage médiatique hors normes, et admiration devant l’équipe de choc réunie autour d’elle. Une question vient sans qu’on le veuille :
Nigel Godrich,
Air,
Neil Hannon,
Jarvis Cocker, forment-ils cet incroyable casting pour les qualités intrinsèques de
Charlotte Gainsbourg ou pour ce qu’elle peut leur évoquer ?
Et puis on écoute. On réécoute, pour être sûr. Mais on ne l’est jamais véritablement. Difficile de parler de
5:55. Comme si l’on n’avait pas le droit d’apprécier sa compagnie. Et puis, après tout, qu’importe ? Ne tombons pas dans le faux procès et allons-y. Les mélodies de
Air sont ciselées sur mesure, la plume de
Cocker à la hauteur de sa réputation, l’art du murmure implacablement maîtrisé par une Gainsbourg qui est allée à bonne école.
5:55 nous bluffe ; ça y est, c’est dit.
Maintenant, on peut passer à autre chose, au niveau de lecture qui nous intéresse. Si l’efficacité de cette production est indéniable, si la voix masquée de
Gainsbourg se pose à merveille sur les compositions du duo versaillais, si celle-ci nous surprend à chanter véritablement, à gorge presque déployée (
Everything I Cannot See), reste que quelque chose ne tourne pas rond. En bouche, comme un goût étrange se maintient : celui du surfait. Il n’y a pas assez de place dans ces onze titres pour laisser transpirer les faiblesses de
Gainsbourg. En faire moins, ça aurait été courir le risque de ne rien faire. Dilemme insoluble?
Chroniqué par
Igor
le 09/07/2007