Depuis sa formation en 1992, le trio constitué du tromboniste 
Roland Dahinden, d’
Hildegard Kleeb (piano) et de 
Dimitris Polisoidis (violon), s’oblige à investir tout autant la musique contemporaine que le champ musical improvisé. Ayant plusieurs fois joué aux côtés d’
Anthony Braxton, le trio se laisse aujourd’hui aller à ressentir librement le « Concept Of Freedom » du maître, auquel fait écho celui institué plus tôt par 
Duke Ellington. 
Pour ce faire, un invité de passage, 
Robert Höldrich, chargé de programmations électroniques. Dès l’ouverture, il pose quelques rebonds artificiels sur les interventions ramassées du piano et du violon. Très vite, le contemporain investit le domaine du jazz, et, comme pour amortir le choc, les musiciens décident de s’entendre sur un mouvement lent. 
Intelligemment distribués, les duos se succèdent. Le grincement discret du violon vient perturber la précision des notes de piano, qui s’entendent plus facilement avec le phrasé coulant du trombone. Et puis, la discorde, lorsque s’impose un fond sonore programmé, ruche agonisante dans laquelle, frénétiques, les legatos de 
Kleeb finissent par se rompre. Longues et sombres, les interventions de 
Dahinden trouvent un certain apaisement, avant d’être renvoyées à leurs harmoniques par un 
Robert Höldrich n’en pouvant plus de stratagèmes. 
Le violon se verra destiner les siens propres, multiplié à souhait et affublé d’une réverbération proche de celle, caractéristique, d’
Alexander Balanescu. Une fois l’espace rendu aux vents synthétiques, le piano osera une mélodie d’un lyrisme démuni, planté là sûrement pour tirer des larmes. L’usage de 
John Cage trouve ici un expédient de choix, et clôt joliment la parenthèse. 
Terminée dans les brumes, la liberté faite concept, hantée par la présence des maîtres 
Braxton et 
Ellington, aura suivi un parcours changeant, et su tirer parti d’expériences menées en terres étrangères : d’électronique bruitiste et de musique contemporaine. L’ensemble oscille au gré des couleurs mises en place ; la liberté trouvée partout. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 22/09/2005