Enregistré en 2004 au Festival d’Appleby (Angleterre), 
Crevulations revient sur la rencontre attendue d’
Evan Parker, personnage incontournable de la musique improvisée européenne, avec 
Stan Tracey, figure tutélaire du jazz britannique.
Pianiste résident du Ronnie Scott’s Club de Londres dans les années 1960, 
Tracey a eu l’occasion d’apprendre le jazz comme on le faisait alors. Soit, de mille manières différentes malgré les origines semblables, aux côtés de 
Ben Webster, 
Stan Getz, 
Sonny Rollins ou 
Roland Kirk. Toujours à l’affût, c’est aux côtés d’un maître de la discipline qu’il investit aujourd’hui le champ improvisé.  
Apaisant, 
Bendalingo’s Dream inaugure le contraste fait compromis convaincant. Sur la réverbération des accords de piano, 
Parker ose quelques mélodies intuitives, thèmes possibles à travailler, avant d’opter pour les silences. Sensiblement, se met en place un discours contemporain gonflé par endroits par les excès nuancés du saxophoniste. 
Qu’il impose la rythmique ou laisse courir ses legatos inspirés, 
Tracey ne perd jamais de vue ce qui l’anime vraiment : revêtir l’habit d’accompagnateur. Capable pourtant de multiplier les accroches mélodiques avec finesse (
Crevulation), c’est sans cacher sa préférence qu’il offre au saxophone arabisant le décors de sable adéquat sur 
The Streatham Walk, ou répète inlassablement les quelques accords qu’il décortique afin d’élargir l’éventail des possibilités de 
Parker (
Babazuf). 
Issu du rapport stimulant d’expériences différentes de l’improvisation en musique, 
Crevulation est un disque d’une singularité rare dans sa catégorie. Assez intelligent pour expliquer autrement et le jazz et l’improvisation libre. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 21/09/2005