Americana entame avec une polyphonie radieuse qui danse la micro-house (
The wave), et enchaîne immédiatement sur une country-pop enjouée,  
Treat me like a man. Cela vous pose un album, et aussi le type d'aspirations qu'a 
Dominique Dalcan lorsqu'il endosse son pseudo de 
Snooze : prendre une récréation pour mieux se recréer, lui qui a eu plus souvent droit au bac "chanson francophone" qu'à celui des "musiques électroniques".
Ce nouvel album, comme l'indique son titre, comme le suggère la pochette, est une évasion : l'occasion de céder aux tentations, celle de produire soi-même son disque, celle de se laisser aller au pastiche du folk(lore) américain, alors même que le pays est obsessionnellement cité en contre-exemple de politique étrangère. Arrivé au stade où toutes les excentricités sont permises, 
Snooze se réinvente une jeunesse sur 
Welcome to my seventeen et joue avec du cliché et de la guitare acoustique avec une conviction et une naïveté déconcertante. Mais il assume - c'est le premier disque sous le pseudo 
Snooze où 
Dominique Dalcan chante - joue du coeur, des choeurs, voire du vocodeur (
Now we're two) et même d'authentiques textures synthétiques (discretement mélangés à la vraie-fausse instrumentations en bois, cordes et claviers, qui lache sa fougue sur 
Broke), tout ça avec ferveur, dans l'impunité d'arrangements assez irreprochables.
Finalement, cet outsider improbable prends ses désirs pour une réalité musicale, et cela fonctionne au culot. L'harmonie et la voix de crooner sur 
White jazz, on y aurait pas cru à l'époque de 
Going Mobile, l'album downtempo coktail idéal qui l'avait revélé aux amateurs de douceurs électroniques. 
Snooze ne se prive pas d'en décalquer encore les accords primesautiers, comme sur 
Breakfast in Belfast, où il ose en sus la reprise-poncif de 
 Feeling Good, le standard de 
Nina Simone. Mais cette fois, les percussions jazzy s'effacent devant une programmation assez inattendue. Sur 
Black flowers par exemple, la steel guitar défie les clics de la rythmique et les cycles de l'orchestration court-samplée, dans ce qu'on serait tenté d'appeller... Folktronica. 
Aux orphelins du trip-hop, aux auditeurs par défaut des gâteries gâteuses de 
Thievery Corporation ou du dernier 
Air, on préfèrera conseiller la variété électronique et soignée de 
Snooze et les grands espaces, lumineux et drôlement fantasmés, de son 
Americana.
	
	
		Chroniqué par 
		Guillaume		
		le 03/04/2005