Projet "électronique" de
Matthieu Malon (après un premier album,
Froids),
Laudanum et son
System: O
on est un essai transformé de collisions entre sonorités électro-rock des années 1980 et 1990, en onze morceaux "bande-originalistiques". Et cette sauce, sans doute faite avec amour, mélancolie, et une certaine culture cinématographique, prend indéniablement. Pour tout dire, on rage de ne pouvoir connaître les images qu’elle illustrerait.
Parmi les ingrédients "cinéma", les voix "so british" de Dorothy Parker sur
Afternoon et de Saint Aidan, alias Aidan Moffat d'
Arab Strap, sur
FBW. L’une fait montre d’introspection, quand l’autre prétend, avec une diction délurée et visiblement éthylique, vouloir faire un sort à ce pauvre Bruce Willis, qui n’en demandait pas tant sexuellement parlant.
Sur
Honest, l’ambiance est plus posée, le chant est pop et mélancolique, le travail est précis et fin, avec des fragments de mots passés au vocoder, point trop n’en faut. Certaines sonorités son passées au filtre, les traitements du son sont éphémères car tout est fait pour que l’auditeur ne s’ennuie pas, tout en offrant ce plaisir d’un morceau d’électronique harmonieux, mélodique, bien qu’un peu crade aux entournures, car, merde, il y a bien une âme de rockeur chez ce musicien.
Définitivement le morceau phare de l’album,
Russian Moon convoque pour sa part une voix féminine, Angèle David-Guillou de
Ginger Ale et
Piano Magic, pour des couplets en Russe - toute la rigueur des intonations slaves, un fantasme pour tous les hommes avides de domination - et un refrain entêtant à la manière de
Dirge de
Death in Vegas.
A quand la prochaine B.O.F. de James Bond confiée à
Laudanum ? Le jour où ce James arrêtera de se raser, enfilera des blousons de cuir tout en continuant à s’amuser avec les inventions technologiques de Q, qui aura laissé ses synthés et sampleurs traîner avant de quitter ce monde.
Chroniqué par
dClem
le 02/02/2004