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Mice Parade

: Bem-vinda Vontade



sortie : 2005
label : Fat Cat
style : Post-Rock Acoustronica

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Tracklist :
01/ Warm Hand In Farmland
02/ Nights Waves
03/ Passing & Galloping
04/ the Days Before Fiction
05/ Steady As She Goes
06/ Waterslide
07/ The Boat Room
08/ Ground As Cold As Common
09/ Ende

Un an après Obrigado Saudade, Mice Parade (anagramme d'Adam Pierce, l'homme aux commandes du projet) nous revient avec ce Bem-Vinda Vontade qui forme un diptyque avec l'album précédent, la réunion des deux titres donnant une phrase signifiant approximativement "Merci nostalgie, bienvenue volonté". Phrase qui résume notre disque : dans la continuité du précédent, tout en empruntant une autre direction.

Rien n'a vraiment changé dans la musique d'Adam Pierce, et pourtant l'évolution est notable, lente, sûre d'elle, sans besoin de se presser inutilement. Ainsi le chant est plus que jamais présent dans cet album, avec notamment la participation de Kristin Anna Valtysdóttir de Múm sur Nights Wave et The Boat Room, ainsi que Ikuko Harada de Clammbon sur Ground As Cold As Common, tout en restant installé à l'arrière du mix, conférant (comme par le passé) sa dominante instrumentale à l'album.

Concernant la musique elle-même, Adam poursuit l'exploration de la formule musicale inventée dès ses premiers albums, faite d'un enchevêtrement de formes caractéristiques d'une certaine modernité underground (post-rock, pop électronica) et d'héritages anachroniques, pourtant rajeunis ici et parfaitement efficaces, comme le flamenco dans le jeu de batterie de Nights Wave, la samba sur Steady As She Goes, d'autres rythmes sud-américains ou africains, ou encore le folk sur Waterslide. L'origine de la dimension ethnique de la musique de Mice Parade n'est pas localisable : l'ethnicité ici est globale, comme une atmosphère.

L'univers d'Adam Pierce – ethnicité oblige – sent bon le vieux bois rustique et la simplicité. Le minimalisme des techniques de production et de l'instrumentation, qui n'est pas pour autant un minimalisme musical – loin s'en faut, cette musique est d'une densité sonore extrême, en attestent les guitares saturées de Passing & Galloping – réussit à Adam, qui semble réduire de plus en plus son instrumentarium au fil des albums.

L'étonnant surtout est dans cette façon de construire un son contemporain, à bien des égards avant-gardiste, avec presque rien : le chatoiement de guitare qui fait la transition entre Nights Waves et Passing & Galloping a été obtenu à l'aide d'une bande magnétique tournant en boucle. A l'ancienne, sans informatique même si certaines structures sont modifiées par ordinateur. Une musique qui se dépouille de son superflu, sans pour autant avancer vers le dépouillement, plutôt une capacité à inventer beaucoup à partir de presque rien, tout un univers baroque plein de chatoiements, d'angles et de recoins, avec en tout et pour tout une guitare, une basse (rare mais redoutablement efficace, sur The Boat Room par exemple), une batterie (certes virtuose et loquace), parfois un vibraphone et tout au plus quelques sonorités électroniques saupoudrées sur le tout, comme dans Nights Wave, Waterslide et The Boat Room. D'où ce gain d'organicité et de chaleur venant de l'abandon à l'humanité et l'imperfection de techniques de productions rudimentaires et faillibles. Adam Pierce, ou comment faire rimer altermondialisme musical et modernité.

Parfois, une approche davantage post-rock et rappelant Tortoise prend le dessus, comme ces vibraphones qui se déploient par répétition et variation dans The Days Before Fiction ou The Boat Room, et avec elle une urgence, non pas urgence d'exprimer mais urgence purement temporelle, dans cette façon qu'a chaque morceau d'être en avant de lui-même, chaque note, chaque mesure appelant la suivante. D'où ces rythmiques complexes et up-tempo, à la fois labyrinthiques dans leur densité et leur enchevêtrement, et d'une linéarité totale dans leur mouvement, leur poussée en avant.

Cette dimension que je qualifierais de post-rock faute de mieux (même si Adam Pierce est à cent lieues des canons du genre) nous assure in fine qu'on n'a pas ici à faire à l'album d'un Manu Chao new-yorkais, métissage de sonorités "à la mode" surfant sur une certaine branchitude bobo. Au contraire, les emprunts qui constituent la musique d'Adam le tiennent pour longtemps à l'écart des amalgames et autres récupérations faciles, dans une région où le passé, l'ethnicité et l'exotisme musical servent à inventer brillamment l'avenir.


Chroniqué par Mathias
le 09/07/2005

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