Premier album de l'Anglo-Berlinois 
Holy Other, 
Held sort chez les New-Yorkais 
Tri-Angle. Le label est la référence en matière de Witch House, ce genre bâtard qui doit autant à la dance music qu'aux ambiances réverbérées de bacchanales. Ce premier opus ressort comme une des réussites électro de cette année 2012 et impose son créateur comme une figure du genre, au côté de 
Balam Acab, 
oOoOO ou 
Water Borders. 
Holy Other construit des sonorités principalement basées sur la house avec quelques sorties vers le r'n'b. Mais ce mélange si savamment construit gagne toute sa force grâce l'atmosphère dark et glaciale qui s'y ajoute comme pour ralentir le désordre inhérent à toute vie. L'univers que nous présente 
Holy Other n'est pas un univers sombre, négatif. Au contraire, c'est la blancheur de la glace qui est sensible dans toutes les directions. Un univers où la vie a été figée, gelée sans être détruite. Une vie qui peut encore se permettre de subtiles apparitions dans les pointes de r'n'b distillées tout au long du disque.
La première écoute est sans doute celle qu'il faut garder : une écoute en continu où l'on se laisse porter par la rythmique lente qui sert de leitmotiv à l'ensemble. Les différents titres ne sont alors plus dissociables ou plutôt on peut soit les écouter d'une traite, dans l'ordre, soit recomposer son propre parcours dans l'album, peu importe. Cela ne signifie pas qu'il est désordonné, au contraire. Mais son unité musicale permet toutes les variations possibles.
Après de telles affirmations, il est difficile de prétendre isoler chacun des neuf titres. Le premier, 
(W)here inaugure la house glaciale dans toute sa pureté que l'on retrouvera dans 
Love Some1 et 
In Différence. Heureusement pour l'auditeur, la température se réchauffe rapidement. 
Tense Past annoncent des titres plus rythmés, plus dansants. Cette série musicale trouvera son point culminant à la fin de l'album avec 
Past Tension et le magistral 
Held. Titre éponyme qui réunit sans doute toutes les qualités de l'album. Titre glacé, titre corporel, titre plus sensuel qui fait toute sa place aux voix r'n'b, celles qui composent la troisième couche de l'album. Une troisième couche sonore qui se dévoile encore plus sur 
Inpouring. La beauté de 
Held est sans doute liée à sa construction, à sa capacité à alterner ces trois niveaux : house glacée, house rythmée, et house mêlée à des voix r'n'b, sans aucune saccade. La continuité est même si grande que chaque morceau nous fait oublier ses différences avec les précédents.
Avec 
Held, 
Holy Other signe un premier album remarquable. Epurée, sa musique semble traquer toutes les notes superflues. Pureté qui va de pair avec son refus de se montrer, comme s'il fallait se débarrasser aussi des apparences inutiles. Il en ressort une atmosphère propice à la rêverie, à la méditation, au repos tout simplement. Musique intense, introspective tout en se préservant d'un dramatisme qui aurait été déplacé.
	
	
		Chroniqué par 
		Patrice Vibert		
		le 21/12/2012