Parcours relativement typique pour
Adam Straney. Notre homme fait ses premières armes au collège, dans diverses formations punk. La découverte de la drum'n'bass l'amène à troquer la guitare contre une platine.
Justin Neff, quant à lui, pratique le piano et le saxophone depuis son plus jeune âge. Les deux se connaissent depuis l'adolescence, mais ce n'est qu'en 2006 qu'aboutit leur premier essai :
The New Law, album éponyme donc.
High Noon arrive trois ans plus tard. Au total une petite vingtaine de pistes au grès desquelles les deux compères originaires de Seattle distillent un abstract hip-hop envoutant. Impossible, à son écoute, de ne pas penser aux travaux d'
Alias. Cet abstract hip-hop là ne tombe pas dans le cliché, la surenchère de scratchs ou de samples.
Adam et
Justin ont beau poser au milieu des vinyles, leur son prend, tout comme celui d'
Alias, une orientation nettement plus instrumentale. Leur bagage musical n'y est peut-être pas étranger. Quoiqu'il en soit,
The New Law mènent rudement bien leur affaire. Aucune piste n'est à jeter, des plus ambient (
Vaya Con Dios dont le rendu ferait presque penser à
Gridlock) aux passages plus incisifs (
Corrupt Shadows rappelant de loin le glitch hop d'
edIT).
Et si on devait leur reconnaître une marque de fabrique, ce serait sûrement dans la façon qu'ont
The New Law d'hypnotiser leur auditoire. Les voix ne sont pas découpées ou scratchées, comme il est d'usage dans le genre. Elles se réduisent à des syllabes qui tournent en boucle, tel un écho qui n'en finirait plus de se perdre au loin (
Hell's Gate). Le saxophone de
Justin Neff se destine particulièrement bien à cet usage. Elle est peut-être un peu cliché, cette révèrbe qui donne l'impression de l'entendre jouer à des années lumières de là, mais elle se justifie parfaitement par l'effet général que les deux acolytes veulent susciter. Une impression d'espace, de profondeur, de canyon, le paysage désolé d'un vieux western.
Il est périlleux, à l'heure où tout une scène pleure la mort d'un certain
Shadow, de réveiller les ombres du passé. Et pourtant
The New Law s'en sortent particulièrement bien. Ils n'hésitent pas à puiser dans tout ce qui peut leur permettre d'enrichir la sauce : de l'abstract hip-hop de première génération à celui de deuxième génération, qu'incarnent des mecs comme
Flying Lotus ou
Dr. Who Dat?. Alors oui,
High Noon ne fait pas avancer le schmilblick. Mais il s'impose à mes oreilles comme la plus belle réponse qu'il m'ait été donné d'entendre, depuis
Muted, à la question de savoir si l'abstract hip-hop de première génération est-il mort ou non. Force est de constater que la relève est là, et qu'elle peut cohabiter sans complexe avec une deuxième vague qui s'aventure vers d'autres voies.
Chroniqué par
Tehanor
le 01/08/2009