Et si le premier album d’un artiste originaire de Lyon apportait au folk de nouvelles sensations ? Une telle remarque semble bien conventionnelle. Malgré cela, nous continuons d’enfoncer sévèrement le clou. Et nous restons certains que l’écoute de l’album
Yes or No de
François Virot donnera à bon nombre de ses auditeurs la sensation d’avoir de telles fulgurances, en imaginant que la musique de ce dernier doit plus au punk et au garage qu’à la musique de
Herman Düne,
Devendra Banhart et autres.
Batteur de formation et cofondateur avec son frère Charles du groupe de garage noise
Clara Clara, qui a élu domicile sur le label lyonnais
SK Records,
François Virot fait partie de ces artistes qui ont joui d’une énorme précocité. La marque du talent ? Il y aura toujours des contre-exemples pour démontrer que cela n’est pas systématique. Mais, force est de constater que d’autres n’ont pas attendu d’avoir la majorité pour changer la donne. A l’âge de douze ans, après avoir découvert la musique de
Sonic Youth,
Jesus Lizard, The Melvins, et surtout
The Ex, le sort de cet artiste allait désormais être scellé, et la marque du « Do It Yourself » érigée au frontispice d’une œuvre, certes récentes, mais promise à un très bel avenir.
Autodidacte dans l’âme, débutant sans complexe,
François Virot a démarré une carrière de guitariste à plus d’une vingtaine d’années, un âge où bon nombre de ses congénères décident de préserver une trajectoire déjà toute tracée. A peine savait-il faire un accord barré qu’il a entrepris d’enregistrer ses premières démos, qu’il vendait immédiatement à la fin de ses nombreux concerts. Un bouche à oreille qui a donné à ce premier album toute l’attention qu’un débutant pouvais rêver pour la sortie de son premier album enregistré chez lui avec les moyen du bord.
Album de dix titres, dont la durée totale ne dépasse guère trente-cinq minutes,
Yes or No n’est pas bavard, il réserve le concentré d’un folk aux accents punk mené seul aux guitares folk, à la voix et aux percussions bricolées (mains, corps de guitare… bref tout ce qui peut traîner à porté de mains). Ce qui donne à cet album un goût d’authenticité, un côté poignant et sincère. Trente-cinq minutes d’une musique jouée tambour battant, avec les tripes, donnant l’impression que son interprète joue pour la première et la dernière fois tant il semble que ce dernier, tout comme sa guitare, n’en sortiront pas indemne. Un parfait mélange entre un fond punk et une forme lumineusement folk,
Yes or No révèle une voix rare en matière de production hexagonale.
François Virot s’exprime d’un voix aiguë, quasiment fluette, mais terriblement touchante. Sa signature vocale lorgne d’avantage du côté de
Liars ou
Animal Collective, tandis que les ambiances sonores associant tensions hypnotiques et réverbérations rappellent certains albums de
Six Organs of the Admittance ou encore
Grizzly Bear.
Signé sur le label parisien
Clapping Music, qui avait déjà eu le bon goût de signer
Encre,
Centenaire et bientôt
Lauter,
Yes or No marque le début d’une carrière sans concessions, qui suscitera autant de partisans que de détracteurs, mais qui se révèlera fructueuse et riche en surprises.