C'est peut-être ce qui reste le plus difficile à faire : des chansons qui ne cèdent jamais à la facilité tout en ayant pourtant tous les atours de celle-ci. Des chansons, c'est-à-dire, comme on l'entend souvent dans l'univers de la musique populaire : une guitare qui accompagne une voix. Mais, aussi des chansons qui s'ouvrent sur des break/beats de batterie qui donnent immédiatement le ton : si la chanson compte, elle n'est pas seule, il y a quelque chose de plus, un supplément de rythme, qui n'est pas nécessairement un supplément d'âme, même s'il l'est dans une certaine mesure, qui fait qu'on n'est pas maintenu dans le seul univers de la pop. À ce titre, commencer, comme c'est le cas ici avec
Sneaky red, un album par un solo de batterie — aussi court soit-il — cela veut tout dire. Et, puisqu'il est court, cela ne veut pas dire qu'on aura affaire à un album de démonstration. Non. Ça veut dire que le disque sera tout entier établi sur le rythme et qu'il faudra le prendre comme tel.
Alors, oui, si l'on veut, il y a quelque chose de moins dans cet album que chez ses prédécesseurs. Disons que
Mice Parade sonne moins
Him. Mais, comment résister à la manière dont Adam Pierce entretient dans la durée par une guitare électrique salement saturée les mélodies, progressions d'accords, qu'il construit d'abord sur une guitare avec des cordes en nylon bien propre (c'est particulièrement net sur
Satchelaise) ? S'il n'y a là rien d'original, pour une fois, au moins, c'est particulièrement bien senti.
Alors, oui, la voix de Kristin Anna Valtysdottir de
Múm sur
Double Dolphins on the Nickel (déjà présente sur
Bem-vinda vontade) pourra certes agacer — en tout cas, c'est mon cas — mais, ce n'est rien finalement rapporté à la simplicité retrouvée d'Adam Pierce, moins d'Amérique du Sud et, pourtant, en un sens (comme en témoigne finalement et de manière excellente
The nights after fiction), tout autant de chaleur.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 05/09/2007