Avec ce troisième opus, le duo français 
Recycler fait montre d'une certaine audace. Signé chez 
Kube Recordings (
Jedeye, 
Yoda Mandala) , 
Massa Boom Boom brasse tout azymuth autant d'influences qu'un grand écart entre les rayons electro et musiques du monde du premier agitateur culturel venu le permettait. Et avec une bonne de dose de réussite parvient à éviter l'écueil du collage "worldotronique" putassier que la démarche pouvait laisser présager. 
En véritables pourfendeurs de cumulo-nimbus, les 
Recycler auront allègrement participé à cette lutte quotidienne qu'il aura fallu menée dernièrement contre la morosité d'une météo estivale un tantinet oppressante. En purs acharnés, ils nous auront poussé sans répit à la transe, créant ces déferlantes sonores plurielles et fulgurantes - venant de tous les Orients, des Carpates au Golfe Persique - capables en un temps record de faire du déhanché un vecteur infaillible de régulation thermique.
Mais si 
Fab et 
Tcherno, glaneurs de sons de haute volée, semblent enclins techniquement aux agencements multicolorés et interculturels ô combien fédérateurs, avec peut-être parfois un tant soit peu trop de zèle (les certes entêtants mais faciles 
Rapucine et 
Nefertiti sont dispensables), leur album transpire malgré tout quelque chose de primitif, de sauvage même. 
Outre le nombre incalculables de machines certainement présentes durant l'enregistrement, 
Massa Boom Boom distille une ambiance de rave bestiale et savante, de tumulte punk quasi animiste. On sent les pas qui frappent la terre battue (
Dancin Feet), les jets de lumière irisant la pénombre, les yeux qui roulent dans leurs orbites (
5 Minutes of Free Pornography), des corps qui se tordent dans des spasmes incontrolables (le très marqué 
Asian Dub Foundation, 
Angoraba). 
Ces huit titres fonctionnent comme une session rituelle  dont les tenants et aboutissants vieux comme le monde nous seraient livrés en vrac, d'un bloc, sans aucune précaution prise vis à vis de non initiés qui pourraient les trouver par endroit éprouvants.
Effectivement 
Massa Boom Boom est un album physique et puissant. Et 
Recycler, non sans une certaine malice, y joue de ses sons comme le chamane de nos sens, jusqu'à les marquer à vif, avec force et sans rage (les voix de l'iraquienne 
Aida Nadeem sur 
Besh Atli et du mythique reggaeman 
Earl "16" Daley sur 
True Lovin' sont à ce titre efficaces d'apaisement), pour un temps indéfini. 
Celui d'un été, c'est dorénavant chose faite. Pour le reste des jours à venir, qui sait ?
	
	
		Chroniqué par 
		
Yvan		
		le 04/09/2007