Tout le monde le sait, aucune rivalité n’existe entre les productions pop-rock anglo-saxonnes et françaises. La question semble même résolue depuis longtemps, ne cherchons pas à discuter. L’Hexagone n’a pas cette tradition des guitares et lorsque nos jeunots allument leurs amplis, ils sont de suite moins crédibles. Pas facile dans ces conditions de mettre en avant ce qui existe. Car certains groupes français savent indéniablement tenir un manche et chanter dans un anglais british.
C’est le cas de
Your Happy End, formation havraise composée d’
Aurélien Bortoluzzi et
Guillaume Zolnieorwski, duo qui a su abandonner le metal hurlant de sa jeunesse pour un rock mélodique et inspiré. C’est sur disque que l’on juge, et uniquement sur disque : pas d’accessoires superfétatoires, ni d’attitude ou de posture. Soyons francs et allons directement à l’essentiel :
700 Fields, cet EP de quatre titres, est très bon. On y croise une pop intelligemment enrichie de samples (
Sea Stones) qui n’a rien à envier à ses éventuelles références d’outre-Manche. Pont habile entre une pop folk douceâtre, un rock agressif flirtant avec l’éléctro-rock, le titre trouve un équilibre fragile et s’y maintient.
Petaluma se veut davantage l’héritière de cette pop-folk construite autour d’une seule guitare acoustique. La facture est plus traditionnelle, moins réussie et de fait moins intéressante. Même le riff façon
Led Zeppelin peine à nous réveiller.
Petaluma, seul bémol de cet EP. Le titre héponyme,
700 Fields, élargit sensiblement le champ d’action de
Your Happy End. Derrière un beat assez lourd, une ligne de piano crispée et une voix impeccable, se dessine l’ombre d’un
Dj Shadow - cité en référence par le duo parisien - ou d’un
Craig Armstrong à qui l’on aurait sucré ses violons… De loin le plus beau morceau du groupe et une superbe adéquation entre partition vocale et lignes instrumentales.
Enfin, on en termine avec
Your Happy Ending, un morceau plus rocky, plus saturé, mais qui sait se retenir et nous retenir par la même occasion. À nouveau cette lourde rythmique très bien maîtrisée, sur un format nettement moins pop (plus de 6 minutes).
Que les bons EP sont frustrants ! Et pourquoi se limiter, lorsqu’on a tant de choses à dire et qu’on les dit bien, à 20 minutes ? Peut-être pour nous tenir en haleine et entretenir notre impatience.
Your Happy End est impérativement à surveiller. Quatre titres, autant de tentatives différentes, d’inspirations et d’univers.
700 Fields est un manifeste d’éclectisme. Si
Your Happy End cherche sa voix, il l’a trouvé dans la conjugaison.
Chroniqué par
Igor
le 12/07/2007