Voilà quelques temps que l’on attendait Pierre Lefeuvre, a.k.a 
Saycet. Depuis qu’une certaine presse spécialisée et d’autres agitateurs culturels, en mal d’indépendance, ont eu l’heureuse idée de monter des opérations de découvertes musicales aux noms plus improbables les unes que les autres (Indétendances, CQFD…). Plus qu’une réhabilitation du radio crochet, il s’agit d’un coup d’éclairage posé sur des artistes en quête d’oreilles attentives. Une bonne initiative vu qu’à la clé, plus qu’une surprise – on était au parfum des capacités du loustic - c’est une réelle satisfaction d’une part de retrouver 
Saycet sur un format plus long capable de donner toute la mesure de son art. Et d’autre part il faut quand même l’avouer, çà fait toujours un bien fou de voir que l’autoproduction a encore de beaux jours devant elle. Pour 
One Day at Home, album né au printemps, il ne pouvait qu’être radieux, même si aujourd’hui l’album ressort sous distribution Anticraft dans les bacs d’automne…Et c’est finalement pas plus mal! La texture et les fragrances qui s’échappent de cet opus sont bien à leur place dans cette saison. Mais 
One Day at Home est bien plus qu’un simple album de saison, dont l’attrait s’étiolerait au premier solstice. 
Saycet nous offre là un album pédagogique qui nous renseigne sur ce que , peut être , nous craignions de redécouvrir un jour : il y aurait à notre envers une somme de choses qui nous dépasse, en notre intérieur des secrets depuis trop longtemps tus. Si 
Saycet ne prône pas l’avènement d’un certain autisme - on est loin des plages léthargiques minimalistes des 
Selected ambient Works d’
Aphex Twin ou du 
Music Has the Right to Children de 
Boards of Canada - il nous pousse tout de même tranquillement à l’introspection. 
Chromatic Birds et ses nappes stratosphériques est certainement le morceau de l’album qui caractérise le plus cette sensation. Dans la continuité 
Don’t Cry Little Girl nous suggère, insidieusement, comme un murmure à l’oreille, qu’un jour, effectivement nous avons été enfant. Ca fait tout drôle dans le creux du ventre mais c’est pas plus mal comme ça. Sur 
Maud takes the train la réverbe trace de drôles de sillons dans le crâne, des perspectives à l’horizon se profilent, qui ressemblent bizarrement à celles des matins d’un quotidien passé, où les yeux rivés sur la route ou le quai, on attendait sans trop s’en inquiéter. Plus l’écoute passe, plus l’album s’insinue avec l’air de ne pas y toucher. Et immanquablement, sans trop y regarder à deux fois, on se laisse emporter, mi-mélancolique, mi-alangui. 
Saycet a cette faculté de nous montrer notre envers, il nous adosse au présent et nous offre à regarder. Il faut voir s’échapper du son de 
Métadine ces images filmées et ces photos vaporeuses plus familières les unes que les autres. Un peu comme si de vieilles histoires, de vieux contes remontaient à la surface. Alors si 
Saycet n’est pas parti pour révolutionner l’électro – 
Boards of Canada qu’on sent être une influence chez lui, 
Aphex Twin et autres dingos du Bleep ont démarré beaucoup trop tôt - son 
One Day at Home comptera parmi ces histoires qui collent aux synapses. De celles dont on parle et reparle, entre crainte et tendresse, quand la vie d’un coup trop blessante demande à se faire tailler des rondeurs. De celle qu’on racontera, comme en son temps 
Saycet l’aura fait, assis là calme et tranquille … un Jour à la Maison. 
	
	
		Chroniqué par 
		
Yvan		
		le 23/11/2006