En présentant deux enregistrements de performances, 
Memoirs of a Dream revient sur la collaboration initiée en 1971 au sein de 
The Sea Ensemble par le couple 
Kali Fasteau / 
Rafael Garrett. 
Improvisant d’abord dans un studio de Hollande en 1975, le duo tire le meilleur de la large palette d’instruments dont ils disposent et qu'ils maîtrisent en utilisant le re-recording. Entamé par les pizzicati en cascades de la contrebasse de 
Garrett, 
Streaming Love accueille les intuitions de 
Fasteau, traduites à la harpe ou au piano, et prend la forme d’une expression plus que libre. Assez bien défendu, le free jazz déployé perd un peu de son rythme et appréhende des déconstructions évanescentes, rendues par la clarinette de 
Garrett et le violoncelle de 
Fasteau. 
Presque naturellement, le couple s’est donné pour but de former un langage, œcuménique et sincèrement nomade. Seule contrainte, sans doute, le passeport requis par l’usage. Alors, des terres explorées au son de flûtes typées (Shakuhachi, Kaval,  Nai) dévoilent par endroits des effets de voix mystérieux, et rendent une harmonie du monde faite refuge temporaire. 
Deux ans plus tard, en concert à Ankara, 
Fasteau et 
Garrett ouvrent de façon plus minimaliste ce qui deviendra 
Come From Deep. Les percussions légères logent stridences et dissonances avant qu’un piano et une clarinette choisissent d’élaborer ensemble un swing titubant. Bienveillant, l’endroit invite le couple à tresser des influences orientales, balayées bientôt par un free éloquent. 
Jusqu’à ce que l’éloquence instrumentale reconduise au langage : vocalises impénétrables cherchant à établir la communication, rêvant de transmission et de partage immédiat. Tous deux permis par le final, qui  résout l’équation au moyen d’une sorte de blues du désert, abouti et sage. Et marque le repère où se termine le voyage. Initiatique et volubile. Insoupçonnable et caressant.
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 10/01/2006