S’adonnant avec ténacité au mélange des genres (jazz, musique improvisée,  contemporain), restait au contrebassiste 
Barry Guy à régler la question du nombre. Chose faite, sur 
Oort-entropy, dernier album en date, pour lequel il aura dû conduire neuf musiciens au sein d’un New Orchestra idéal. 
Sur un traité de décomposition oscillant sans cesse entre l’unisson d’intervenants choisis et l’amalgame de décisions individuelles en réaction, l’auditeur n’a d’autre choix que de dresser la liste des atouts remarquables - options irréprochables du batteur 
Paul Lytton, couleurs fauves que le tromboniste 
Johannes Bauer distille à l’ensemble. Volée d’attaques incandescentes, 
Part I connaît aussi quelques pauses, convalescences prescrites par 
Guy et 
AgustÍ Fernández, pianiste imposant un romantisme inédit. 
Les notes inextricables du duo 
Parker / 
Guy inaugurent ensuite 
Part II, pièce envahie par des nappes harmoniques sur lesquelles se greffent des souffles en transit, la flamboyance du trompettiste 
Herb Robertson, ou encore, l’étrange musique d’un monde de métal (coulissant, grinçant, résonant). Un hurlement de 
Mats Gustafsson règlera le compte des indécisions, ouvrant la voie au chaos instrumental, mené jusqu’aux flammes par la batterie de 
Raymond Strid. 
Si 
Part I déployait en filigrane l’influence de 
Berio, 
Part III joue plus volontiers des tensions dramatiques d’opéras plus anciens. Majestueux, 
Evan Parker déroule des phrases derrière lesquelles tout le monde attend, fulgurances aigues sur énergie qui ne faillit pas. Dévalant en compagnie de 
Fernández les partitions en pente, le soprano mène une danse implacable, malheureusement mise à mal par l’intervention de 
Strid, qui vient grossièrement perturber l’évolution de la trame, jusqu’à la rendre trouble.  
Si cette erreur de dosage n’avait été, 
Guy se serait montré irréprochable dans la conduite d’un microcosme en désagrégation, mis en reliefs par une palette irréprochable de musiciens en furie. Abrasif à la limite du délictueux et production léchée, il faudra aussi voir en 
Oort-entropy une référence indispensable à qui veut s’essayer à la cosmogonie des conflits de 
Barry Guy. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 02/08/2005