Enregistré en 2002 par le quartet du saxophoniste hongrois
Mihály Dresch en compagnie d’
Archie Shepp,
Hungarian Bebop a bien d’autres charmes que celui de prolonger les ponts de Pest jusqu’aux rives du Massachusetts. Avant tout, celui de constituer un quintet inédit, qui maîtrise aussi bien qu’il partage.
Dès le départ, les propositions d’un jazz jugé sur pièces sont multipliées. Alternant swings décalés et déploiements envoûtants,
Dresch et
Shepp s’encouragent, enthousiastes, à déployer, l’un après l’autre, des phrases impeccables. Puis les défendent ensemble, motivés par le soutien d’une section rythmique légère mais efficace (
Lily Of The Valley).
Plusieurs fois, les saxophones auront la possibilité de pousser le dialogue jusqu’à s’impliquer dans des enchevêtrements mélodiques permettant toutes les audaces (
Búzai Song). Flamme attestant de la fantaisie possible des efforts, le violon de
Ferenc Kovács convainc à chaque fois, qu’il choisisse de donner un goût de paprika à l’affaire (
Hungarian Bebop), ou décide d’éclats dissonants (
Steam).
Seul morceau composé par
Shepp,
Steam, justement, impose un courant novateur, fait de touches musicales afro-américaines et européennes mêlées. Au piano, le maître accompagne les mélodies essentielles du soprano de
Dresch, et plaque des accords qui en disent long sur les espoirs d’un mélange réussi.
Quelques incidents de parcours, aussi : de no man’s land désincarné (
I was Beaten Because…) en terrain vague irrécupérable (
Sorrow, Sorrow). Pas de quoi, non plus, regretter le voyage. La rencontre reste belle, qui rassemble des jazz d’univers différents, rafraîchis par un folklore revisité et libérateur.
Chroniqué par
Grisli
le 09/05/2005