Caller-Id n’est pas vraiment un nouvel album puisqu’il contient quand même huit remixes de differents titres provenant des deux précédentes production de 
Neutral, à savoir 
Font Translation Errors et 
Motion of, ainsi que de nouveaux morceaux dont certains sont des mélanges reconstruits de 
Motion of. C’est une fois de plus l’étrange et atypique univers musical de Nicole Elmer qui nous est décrit ici. Véritable bande-son, faite de collages, d’experimentations et de sensations. Difficile de donner un genre, un credo. Ca ne ressemble à rien et en même temps à beaucoup de choses. En fait, 
Caller-Id s’écoute comme on regarde un film. Un bon film, esthétiquement complexe et artificiel comme un dessin animé. Les machines se transforment en jouets, mais pourtant rien ne semble naïf ou édulcoré. Un film, oui. Mais un film noir et torturé, puis primaire et simpliste, à nouveau sombre et machinal, puis hypnotique et pur.  Un arrière-goût de folie perce parfois. Ce sont bel et bien des images qui s’impriment lorsque se joue 
Cut Paper, mélodique et touchant, malgré des revirements rythmiques nombreux, chatouillant la fibre noise de 
Neutral et un duo guitare/piano parfait. Comment préciser ? Electro-rock ? Noise-pop ? Aucune importance. Vient ensuite le premier remix, inauguré par 
Xingu Hill. Sa reformation de 
Bird in the Air prouve une fois de plus la dextérité de John N. Sellekaers à modeler les sons. Fractures "groovesques" abruptes et guitare nonchalante. Le tout agrémenté du chant particulier et doux de Nicole. Une bonne scène.
Changement d’ambiance radical durant 
Silent. Pesant de tout son ambient brumeux sur les tympans frigorifiés. Un requiem de piano à quelques notes vient s’égrainer lugubrement, entrelaçant une voix murmurante et vide. Seul un xylophone donne un peu d’air dans cet espace étouffant et gris, avant de venir se déchirer sur les cassures qui s’opèrent au sein même de la structure du morceau. Encore un bon moment.
D’ailleurs des bons moments il y en aura d’autres. Notamment avec le remix de 
Carbon par 
End, très rythmé et compact, celui de 
Telepherique, en deux parties, d’abord lent et malsain, puis plus rapide et teinté d’indus, ou encore la touche old school du robotique 
Carbon Paper. Dernier détour par le remix écrasant de 
Desire of de 
P.A.L., avant une conclusion claustrophobe et maladive entre le "funky" 
February and March et le glauque épilogue 
Answering Machine #3.
Vraiment un bon film. A voir sans l’ombre d’une hésitation.
	
	
		Chroniqué par 
		Yragael		
		le 29/09/2003