Producteur prolifique, 
Guillermo Scott Herren semble ne jamais s'arrêter de composer. Depuis ses débuts il y a dix ans sous le pseudonyme de 
Delarosa & Asora, les projets et les opus se sont multipliés. A côté de la production hip-hop US, de l'escapade 
Piano Overlord et de ses multiples collaborations, deux identitées majeures se dessinent : 
Savath & Savalas, au confins du folk, de l'ambient et du trip-hop, et enfin, celle qui nous intéresse ici et qui a fait sa renommée, 
Prefuse 73. 
A l'origine basée sur des travaux de sampling très rythmiques empruntés au hip-hop, cette facette de la musique de 
Herren a évolué vers un horizon plus expérimental et électronique, si l'on omet la parenthèse 
Surrounded by Silence et son lot de rappeurs invités. 
Cette année 
Prefuse 73 s'illustre par deux fois, la cuvée 2007 étant accompagnée d'un disque bonus. Ce qui frappe à l'écoute de 
Preparations, c'est qu'il semble synthétiser les différentes étapes de l'évolution de son auteur, piochant des constructions et des ambiances dans chacun de ses albums, et lorgnant même vers ses projets connexes. Le premier morceau nous renvoie directement au premier album, avec son intro rappée, son fat beat, ses voix cutées et ses mélodies 8-bits sautillantes. On enchaîne sur le très sec et bruitiste 
Aborted Hugs, tout droit échappé des expérimentations de 
Security Screenings. Puis vient le très mélodique single 
The Class of 73 Bells et ses arrangement de cordes rappelant 
Savath & Savalas, etc… 
Je pense que vous aurez compris l'idée d'ensemble, inutile de tomber dans une interminable revue linéaire. Si en soi la musique de 
Prefuse 73 peut s'apparenter à une mosaïque de samples, 
Preparations en est en quelque sorte la méta-structure, le patchwork ultime. Toujours fourmillant de détails, le son est plus brillant que jamais, en constant mouvement et articulé avec un sens aigu du relief et de la dynamique, l'empêchant de s'enliser malgré la superposition de boucles. Comme sur le précédent opus, les collaborations se font rares. On notera, outre la participation vocale des new-yorkaises de 
School of Seven Bells sur le single avant-coureur, une apparition efficace de 
John Stanier, batteur de 
Battles ,sur le fiévreux 
Smoking Red. L'album ne connait pas de temps morts et aboutit sur une outro longue et minimaliste, en forme de redescente, qui nous entraîne doucement vers la deuxième partie du périple, l'inattendu 
Interregnums (Ensemble). 
Car les deux disques, bien que très différents, forment un ensemble cohérent, forgé dans le même matériau sonore, l'album bonus collectant la matière première ayant servi à composer 
Preparations. Au final, peu importe lequel des deux albums a été une préparation à l'autre, le fait est qu'
Interregnums (Ensemble) présente une musique à laquelle 
Prefuse 73 ne nous avait pas habitué. Exit les beats et le cut-up, l'heure est à la recherche mélodique et aux ensembles orchestraux. Si quelques bidouillages électroniques ne venaient le trahir ici ou là, on pourrait presque dire que 
Scott Herren donne dans l'acoustique et taquine la musique classique et contemporaine. Une ouverture surprenante donc (bien que pas totalement convaincante), qui accompagne un album en forme de bilan, et prouve si besoin était que notre artiste n'est pas du genre à se répeter… 
	
	
		Chroniqué par 
		Rafiralfiro		
		le 17/12/2007