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Ride

: Interplay



sortie : 2024
label : Wichita
style : Pop-rock

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Tracklist :
1/ Peace Sign 2/ Last Frontier 3/ Light in a Quiet Room 4/ Monaco 5/ I Came to See the Wreck 6/ Stay Free 7/ Last Night I Went Somewhere to Dream 8/ Sunrise Chaser 9/ Midnight Rider 10/ Portland Rocks 11/ Essaouira 12/ Yesterday is Just a Song

Considéré à juste titre comme l'un des piliers fondateurs constituant avec My Bloody Valentine et Slowdive la sainte trinité shoegaze, la musique des anglais Ride ne m'a hélas jamais touché... Ce n'est pourtant pas faute d'avoir réitéré les écoutes de leurs albums tirant parfois vers le rock psyché (Nowhere, 1990) avec tout ce que cela peut comporter de chansons à rallonge et de pédales d'effets utilisées ad nauseam. Voilà donc l'un des wagons du mouvement dont j'avoue avoir loupé la marche, lui préférant finalement les œuvres respectivement noisy-pop et dream-pop des deux autres formations sus-citées auxquelles je pourrais adjoindre dans une logorrhée de name-dropping les excellents groupes Pale Saints et Swirlies ou encore les cultissimes albums Delaware (1992) de Drop Nineteens et Methodrone (1995) du Brian Jonestown Massacre. Néanmoins, la forme olympique que possède cette dernière livraison de Ride – la troisième depuis leur reformation en 2015 – me donne clairement envie de ravaler ma langue.

Comme ses prédécesseurs ou certains premiers albums du groupe (Going Blank Again, 1992), Interplay reste assez éloigné des recherches esthétiques parfois poussées que l'on peut retrouver dans le shoegaze et doit être principalement reçu pour ce qu'il est au fond, à savoir une collection de morceaux pop-rock hyper efficaces, ici calibrés en mode U2 afin de conquérir les ondes FM et les grandes salles. Bien sûr, la notoriété moindre du quatuor d'Oxford ne lui permettra jamais d'atteindre l'un ou l'autre de ces objectifs qui n'en sont pas pour eux et que l'on réservera plutôt à New Order et Depeche Mode, groupes mastodontes auxquels on pense d'ailleurs par instants sur Interplay (Last Frontier pour le premier et la martiale I Came to See the Wreck pour le second). Mais cela fait tout de même un bien fou d'entendre une bande de vieux briscards quinquagénaires sortir un album d'une telle trempe. Il faut dire que les effets vaporeux et vaguement synth-wave (les tubesques Peace Sign et Monaco) de la production compressée d'Interplay permettent d'effacer les quelques rides de l'âge et offrent à ces nouvelles compositions un certain lifting sonore plus que raffraîchissant.

Après un Weather Diaries (2017) qui signait de belles retrouvailles puis le puissant This Is Not A Safe Place (2019) qui relevait le niveau mais s'éparpillait parfois à trop vouloir s'accrocher au forceps à une nouvelle jeunesse, Interplay est sans aucun doute l'album le plus inspiré et cohérent de la bande à Andy Bell depuis sa reformation. La pandémie est sûrement passée par là, et avec elle un besoin pressant de se ressourcer et de viser l'essentiel. Il s'agit aujourd'hui "d'intéragir" ("interplay" en anglais). Intéragir d'abord entre les membres du groupe, celui-ci ayant connu par le passé quelques tensions internes lorsqu'il tentait d'embrayer le pas de la britpop alors naissante (Carnival Of Light, 1994) et prenait un chemin de traverse qui n'était pas au goût de certains. Ici la composition est assez bien partagée entre les quatre membres de la formation. Puis intéragir tout simplement avec une nouvelle génération d'amateurs que la scène revival shoegaze n'a pu que pleinement convertir. Cet Interplay est alors le formidable témoignage d'une rencontre renouvelée et d'une forme resplendissante retrouvée.

Au-delà de la qualité d'écriture des morceaux, il faut surtout souligner la parfaite construction en montagnes russes de l'album. Après un démarrage en trombe, Interplay décélère en faisant un détour par le passé (la volcanique Light In A Quiet Room) puis nous offre le strict opposé des ventres mous que l'on se coltine souvent dans les disques pop-rock de facture plus classique. Le tiers central d'Interplay, disons le cœur, est en effet un enchaînement de chansons fabuleuses entre ombre et lumière qui devrait mettre tout le monde d'accord. La course finale de l'album s'effectue ensuite presque en miroir de son lancement, livrant les derniers titres catchy (Midnight Rider, Portland Rocks), puis une accalmie baignant dans les nappes synthétiques et faisant durer le plaisir par pure gourmandise (Essaouira) et enfin une conclusion tournant le dos au passéisme (Yesterday Is Just A Song) et refermant l'album sur une émotion mélancolique.



Chroniqué par Romain
le 11/05/2024

Tags : Ride | Pop-rock

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