Avec les groupes Bedhead puis The New Year, le chanteur guitariste Bubba Kadane a sans aucun doute écrit avec son frère Matt l'une des plus belles pages de l'indie rock américain de ces trente dernières années. L'une des plus belles certes mais, il faut bien le dire, l'une des plus discrètes et souterraines également, ne comblant hélas qu'une petite niche d'aficionados principalement amateurs de sadcore, de slowcore et de pop hypersensible savamment épurée. On ne criera jamais assez fort l'amour que l'on porte à ces deux formations cruciales, mais en attendant un nouvel album de The New Year se faisant impatiemment attendre depuis le sublime Snow de 2017, Bubba Kadane poursuit quant à lui son cheminement dans la musique ambient et minimaliste via son projet solo Sigh of Relief.
Ce nouvel album Lifespan se présente comme la suite logique de sa première œuvre Injection (2019), soit une unique composition avoisinant les 40 minutes et plongeant l'auditeur dans un bain de synthétiseurs vintage, quasi kosmische, l'initiant à une valse nocturne faite de longs mouvements lancinants visant une forme d'enivrement voire d'hypnose. On retrouve chez Sigh of Relief ces mêmes jeux de stéréophonie et de contraste sur les différentes textures d'instruments qui étaient employés chez Bedhead ou The New Year, ces derniers étant maintenant mis au service des nombreuses strates électroniques qui émergent, évoluent et mutent subtilement, s'entrelacent miraculeusement et enfin s'éteignent lentement dans cette courte durée de vie ("lifespan" en anglais) que Bubba Kadane leur a accordé sur ce magnifique troisième album.
Chroniqué par
Romain
le 17/02/2023