On ne sait pas si ce sont les courants chauds du Gulf Stream qui sont en cause mais la scène nantaise n’en finit pas de nous révéler des primeurs musicaux. Cette fois-ci, il s’agit du
premier album du producteur dubstep français,
F. Membre très actif au sein du collectif de bass heads de
7even Recordings, au côté de
Likhan et
Helixir, ses sorties s’étaient pour l’instant cantonnées aux 12 pouces. Mélange de morceaux inédits et de productions constituées pour l’occasion,
Energy Distortion représente un nouveau cap pour lui et pour le label également, puisqu’il s’agit du premier LP du catalogue.
F a pour lui une connaissance approfondie des musiques répétitives, qu’elles soient contemplatives comme le dub et la dub techno ou dansantes comme les mouvements anglais garage et 2step. Si son CV en atteste, rien n’est plus convaincant que l’écoute de ses treize titres.
Cet ancien DJ de drum’n bass (tout comme
Martyn) choisit de débuter l’exercice avec un premier trio de morceaux profondément enracinés dans la musique dub digitale. A renfort de chambres d’écho et de nappes de synthés suspendues,
F semble vouloir rappeler que les origines du mouvement qui a explosé outre-Manche ne datent pas d’hier et du premier album de
Burial.
On fixe la capuche sur la tête et on rentre les épaules quand débute le titre éponyme
Energy Distortion, plus radical, plus techno. Gimmick entêtant et pulsation plus rapide,
F corse le propos. L’ambiance est plus pesante sans pour autant être oppressante.
Basic Channel rôde dans le coin.
0907 enfonce un peu plus loin le clou avec le titre surement le plus dub-techno de l’album.
Another Place et
On The Corner sont quant à elles deux plages garage/2step qui, bien cachées dans le tracklisting, viennent alléger l’atmosphère et nous prendre par la main, direction la piste. Parce que c’est là aussi que se vit le dubstep. Ces deux titres parsemés viennent délibérément casser toute construction trop linéaire de l’album, ce qui ne lui donne que plus de relief.
Si
See the Light et
Forever redéveloppent un dubstep profond pris dans les volutes des machines à fumée, la conclusion du disque est laissée à des titres plus enlevés où l’efficacité combinée de la rythmique syncopée et des flashs de synthés n’est pas sans rappeler les productions de
Martyn ou
2562.
Energy Distortion donne à écouter un producteur qui sait d’où il vient et soucieux de développer un dubstep riche de l’ensemble de ses racines musicales, qu’elles soient dub, techno ou garage.
F signe sans trembler un premier album cohérent et efficace.
Chroniqué par
Damien
le 17/03/2010