J’allume la radio, branchée sur Nova.
All that you give du
Cinematic Orchestra et
Fontella Bass résonne dans mon salon et me rappelle que c’est chez
Ninja Tune que mon éducation électronique a commencée. Pas étonnant alors qu’à l’écoute du nouvel
Herbaliser, la musique me paraisse déjà ancienne, déjà entendue.
Duo d’origine composé de
Jake Wherry et
Dj Ollie Teeba transformé en quintet et agrémenté de multiples collaborations,
The Herbaliser n’a plus rien à prouver.
Same as it never was n’en reste pas moins intéressant. Oscillant entre l’abstract hip-hop, le funk, le groove et même quelques passages dub, le nouvel essai des gars de Londres s’avère agréable par sa diversité d’ambiance.
On se croirait plongé dans la bande son d’un film sombre, comme trimbalé d’une scène à une autre, sans passer par la case dialogue. Mise à part une intro un peu poussive, presque trop stéréotypée, l’album s’écoute facilement. Les cuivres puissants façon
Peuple de l’Herbe (
The next spot) accompagnés d’une guitare et d’un clavier funky façonnent la charpente principale de l’édifice
Herbaliser. Cet album n’a pas grand chose d’électronique en somme si ce n’est l’art d'orchestrer les instruments, sujet parfaitement maîtrisé par les Londonniens.
Just won’t stop par exemple, qui apporte au flow hip-hop de
Yungun une structure évoluée, un cadre musical exceptionnel où la voix n’a qu’à se laisser guider. Tous les morceaux hip-hop ne peuvent se vanter d’offrir un tel confort. Et
Street Karma peinera à captiver l’attention jusqu’au bout. D’autres pistes s’avèrent en revanche rigolotes comme
Amores Bongo, qui paraît taillé pour un best-of des mimiques de Louis de Funès. On se laisse même aller à effectuer quelques pas de danse, à enfiler le vieux chapeau posé sur le porte-manteau et à chausser les lunettes noires. La conclusion de l'album se fait superbement par l'hypnotique
Stranded on earth. Le genre d'abstract hip-hop dont on manque cruellement ces temps-ci. Je tire mon chapeau.
Et pourtant
Same as it never was, sympathique mais prétentieux titre de l’album, ne remplit pas le contrat. On lui reprochera un manque d’investissement et d’approfondissement. La mention «
Doit faire ses preuves» conviendrait si les membres d’
Herbaliser n’avaient pas une telle carrière derrière eux. On apposera plus facilement en bas du bulletin la précision suivante : «
Tend à vivre sur ses acquis.» Expérience à l’appui.
Chroniqué par
Camille
le 08/08/2008