Les groupes qui en sont à l’heure du Best of sont souvent des groupes finis, préférant regarder derrière eux plutôt que de se projeter dans des lendemains créatifs. Cette règle n’attendait que son démenti, que les
Beastie Boys apportent depuis maintenant quelques années. Alors que le collectif culte de NYC a déjà publié trois Best of (
The In Sound From The Way Out,
Anthology : The Sounds Of Science,
The Solid Gold Hits), leur imagination est loin d’être tarie.
Après un retour réussi en 2004 avec
To The 5 Boroughs, les Beastie sortent leur septième album studio,
The Mix-Up. Ce-dernier s’impose d’emblée dans leur discographie comme le premier LP entièrement instrumental.
Mike D à la batterie,
Adrock à la guitare,
MCA à la basse, avec en prime
Money Mark aux claviers et
Alfredo Ortiz aux percussions.
Mix Mister Mike tient quant à lui les platines. Si les
Beastie Boys ont maintes fois emprunté des chemins de traverses, surpris leur public en changeant de gamme avec une fréquence inouïe, reste une touche reconnaissable entre toutes: l’accentuation quasi-systématique des dernières syllabes de chaque mot chanté et un déploiement d’énergie assurément inégalable.
Chacun des albums des
B-Boys connaît, comme paliers de décompression ou interludes aux master tracks, d’excellentes plages instrumentales. Ici, douze compositions originales :
The Mix-Up, retour à la base instrumentale, se pose donc un défi de taille : sonner
Beastie sans que les sales gosses quadragénaires de NYC ne posent le moindre flow. Pari tenu, album réussi. Des sons indiens de la guitare sur
Dramastically Different, aux accents rock sixties de
The Cousin Of Death, en passant par les rythmes jazzy-soul des années 70 ; de clins d’œil aux productions antérieures des
Beastie teintées d’afro beat où l’on croirait entendre
Tony Allen, le batteur de
Fela Kuti (
The Melee) en touche latino sur
Suco de Tangerina,
The Mix Up est un grand bain musical, un broyeur dans lequel tout semble passer. Fuzz et wah wah pour les textures, inspirations et références pour le reste. Les vieux gamins de Brooklyn réécrivent avec un certain talent la bande son d’un vieux Starsky et Hutch.
Et oui… Ceux qui ne veulent pas se risquer à un disque instrumental des Beastie doivent garder en mémoire les
Sabrosa,
Grooves Holmes,
In 3’s ou autres perles de
Check Your head et
Ill Communication.
The Mix Up transpire le plaisir de jouer, comme une bonne jam session entre potes qui n’ont plus grand chose à prouver. Néanmoins, on regrette l’inégale inspiration de
Money Mark dont les orgues ont par le passé témoigné de plus de fougue et de créativité, comme les arrangements très travaillés. Il est clair qu’on est loin de la spontanéité des premiers
Beastie. Mais qu’importe,
The Mix Up est tellement jouissif…
Chroniqué par
Igor
le 27/07/2007