The Frames, me dit-on, est un groupe irlandais qui a fêté cette année ses seize ans d’existence, a déjà sorti six albums studio et deux live, et a travaillé avec des producteurs aussi illustres que
Gil Norton ou
Steve Albini.
Ah bon.
Permettez-moi alors d’étaler mon inculture au grand jour : je n’avais jamais entendu parler de ce groupe avant d’écouter
The Cost (leur septième opus, pour ceux qui n’auraient pas suivi). Et cela n’a, au final, pas grande importance : n’était-ce le soin apporté aux textures, qui trahit effectivement une certaine habitude du travail en studio, on jurerait ici avoir affaire à un premier album, à la fraîcheur encore intacte.
Empreints d’un lyrisme qui n’est pas sans rappeler les débuts de
Coldplay (avant que ces derniers ne prennent un abonnement à vie pour le bal des pompiers), les dix titres de ce disque séduisent dès la première écoute, par la force de leurs mélodies, la finesse de leurs arrangements (cordes et cuivres sont ici utilisés avec parcimonie, mais toujours à bon escient – la marque des grands, quoi), ou encore la voix délicieusement éraillée du chanteur. Autant d’éléments qui évoquent immanquablement les magnifiques
Sunday Drivers, ce qui n’est pas un mince compliment (sur
Falling slowly, le mimétisme vocal avec
Jero Romero est d’ailleurs particulièrement frappant).
Bien sûr, tout n’est pas parfait sur
The Cost, et dans les quelques (rares) moments où l’écriture se relâche un peu (
Rise,
True), la production, un peu trop uniforme, ne parvient malheureusement pas à relever le niveau.
Mais ces quelques faux-pas sont instantanément oubliés à l’écoute des pièces maîtresses que sont
The side you never get to see (couplets en tension, refrain extatique et libérateur),
When your mind’s made up (l’un des très rares titres d’autrui qu’
American Music Club pourrait intégrer à son répertoire), et surtout l’époustouflant
People get ready, construction en crescendo d’une rare maîtrise, sous-tendue par un impressionnant maillage de guitares.
The Frames a visiblement un passé bien rempli. Avec un disque de cette trempe, il a désormais également un avenir radieux.
Chroniqué par
Bigmouth
le 30/11/2006