Membre encore actif de l’A.A.C.M., le saxophoniste 
Fred Anderson démontre à domicile – en son Velvet Lounge de Chicago – l’impeccable longévité d’un free jazz que d’autres ont depuis longtemps échangé contre un bâillon de velours.
Aux côtés de sidemen aussi irréprochables qu’
Harrisson Bankhead (contrebasse) et 
Hamid Drake (batterie), le ténor déverse ses propositions mélodiques au gré d’un souffle hors d’atteinte, tenté d’abord par la déconstruction innocente (
Flashback). Sur un gimmick lancé par 
Bankhead, il sert ensuite un 
Ode to Tip renouant avec une structure établie, bousculée néanmoins par les digressions fastes de la section rythmique. 
Délaissant sa batterie pour un simple tambour de rythme, 
Drake mène ensuite 
By Many Names, pause rafraîchissante dans laquelle s’insinue discrètement un free minimaliste rendu par les graves du ténor et quelques schémas répétés par la contrebasse. Le batteur y dépose aussi sa voix, raisonne les intentions sourdes, avant d’engager enfin à la reprise des hostilités. 
Au son d’une soul fiévreuse, d’abord, qui introduit 
Timeless, morceau aux couleurs changeantes parmi lesquelles se glissent quelques références funk ou rythm’n’blues, avant que le trio n’opte pour la césure faite de pizzicatos légers, d’interventions de percussions minuscules et de souffles retenus. La conclusion peut alors en revenir à ce genre d'essentiel qui plaide en faveur d’un free pugnace mais réfléchi, d’un jazz évoluant haut et d’instinct*. 
[*Musique que 
Fred Anderson affirme vouloir prodiguer jusqu’à son dernier souffle, dans l’interview que renferme l’édition DVD de 
Timeless.]
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 02/05/2006