Sada Soul est un alien sonore de toute beauté, une sorte de corps étrange(r) nourri de pop, de folk, de musiques enfantines, mais qui en les ingérant en aurait détourné la substance. Car si le folk de
Not too hard parmi d'autres morceaux, possède une certaine aménité,la plupart des morceaux de l'album nous offrent à entendre une autre réalité: glockenspiel, batterie, melodica, guitares, violon, programmations tissent un univers sonore loin d'être gentiment innoffensif: chaque ingrédient est ici finement perverti. Et la douceur qui prédomine est le pauvre cache-sexe d'un inquiétant malaise (V&V). Celui-ci affleure de façon sensible sur
Electrique notamment. Des mots qui menacent, une musique effrayante, c'est
Morfler, aux guitares oppressantes. Ailleurs, à la candeur de voix d'enfants répondent des choeurs pop fantômatiques
Barcelona.
Chaque morceau de cet album installe ainsi un climat à l'étrangeté singulière, réellement fascinante, que l'on quitte à regret une fois l'album achevé. C'est le paradoxe de cette musique mais aussi sa force, celle de nous faire adhérer si facilement à des ambiances oniriques aux contours cauchemardesques. Et l'album fini, parce qu'on aime tous se faire peur, on en redemande.
My Jazzy child alias Damien Mingus nous offre avec
Sada Soul un des albums les plus marquants de l'année 2003. Et on l'en remercie.
Chroniqué par
Imogen
le 15/12/2003