À croire que Matt Elliott fait une fixation sur la rupture. Car, après avoir sorti The Broken Man en 2012, ce dernier est de retour avec Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart. Matt Elliott depuis qu’il œuvre sous son propre nom de baptême officie dans un tout autre registre que son pendant Third Eye Foundation. Loin des poncifs électronica et dub, l’Anglais propose une œuvre folk intimiste et sensible. Une œuvre mettant à nu ses sentiments et ses angoisses les plus sévères. Un Mélo romantique à l'anglaise, beau et ténébreux à la fois. De quoi sombrer dans un univers fantastique où les âmes s'abîment, mais avec ce souci de le faire dans les formes, celles du sublime.
Car, avec ce projet solo, Matt Elliott a su créer un genre musical singulier. Celui d’un dark folk jamais glauque, jamais malsain. Une musique poignante et sensible dans laquelle l’Anglais se met à nu. À croire que choisir de publier un projet sous son propre nom, en quittant toute possibilité de se cacher sous un pseudonyme, révèle l’intention de ne plus jouer avec les faux-semblants, mais de se révéler tel qu’il l’est.
Et les choses se portent pour le mieux depuis, car Matt Elliott donne à son œuvre une portée épique avec un titre d’ouverture vraiment impressionnant sous forme d’épopée lyrique et fantasmagorique, présence d’un orchestre oblige. De quoi quitter l’intimité du précédent opus sans pour autant en faire dans le grandiloquent. Au point parfois de se freiner, de ne donner pas d’avantage de souffle épique à certaines incursions. Notamment les chœurs qui interviennent avec parfois trop de timidité. On aurait voulu, à l’inverse, que les incursions de ces derniers soient plus présentes, plus sauvages et plus marquées. De quoi donner tout le souffle que méritait ce titre qui apparaît comme une véritable réussite de cette album.
La suite se déroule dans la continuité, mais souffre peut-être de suivre une ouverture qui rafle la mise au point d’en occulter ses successeurs. Qu’importe, il existe néanmoins quelques points d’orgue, avec cette sensation parfois de se perdre un peu en chemin, faute de rythme pour relancer une machine ayant commencé dès le début tambour battant. Un sentiment parfois renforcé par une production décidée à mettre en avant la voix et ses basses au point d’aplatir le contraste que donnerait chacune des variations opérées par cet orchestre. Mais ne soyons pas trop sévère, écouter un disque de Matt Elliott c’est entrer dans les coulisses de l'âme de son auteur. Car ce dernier n’a pas son pareil pour nous émouvoir avec sensibilité et humanité.